Chercheurs sous pression

Travailler plus pour gagner autant, c’est le marché de dupes que le gouvernement tente d’imposer aux enseignants-chercheurs.

Grégoire  • 30 avril 2009 abonné·es

Aujourd’hui, un enseignant-chercheur donne en plus de ses activités de recherche 192 heures de cours. Le gouvernement essaie de faire passer en force un décret autorisant une modulation de cette durée entre 64 et 384 heures, sur décision du président d’université. Il est évident que les suppressions de postes vont entraîner en moyenne une modulation à la hausse.

Après quatre mois de mobilisation, le gouvernement reste inflexible. Seuls des aménagements à la marge ont été obtenus. Le nouveau texte stipule ainsi que cette modulation ne peut se faire contre l’avis de l’intéressé. Mais cet aménagement doit être mis en balance avec le deuxième volet du décret, qui délègue au président d’université l’attribution de la plupart des promotions et des dispositifs permettant à un enseignant-chercheur d’aménager sa carrière à son gré. Il est évident que, dans ces conditions, peu ­d’enseignants-chercheurs contesteront les décisions arbitraires, prévisibles, des présidents d’université.

Au-delà de ces aspects comptables, la logique de ce décret nous a été donnée par Nicolas Sarkozy dans son discours du 22 janvier. Il s’agit bel et bien d’introduire une concurrence saine et stimulante entre ces fainéants d’enseignants-chercheurs et d’ériger le président d’université en chef d’entreprise distribuant les bons et les mauvais points à ses administrés. La réforme est en adéquation complète avec l’idéologie libérale, mais en décalage total avec les méthodes de travail des chercheurs, fondées sur la collaboration et sur l’indépendance.

Ce décret, ainsi que le décret « masterisation », a mis le feu aux poudres en janvier. Mais, rapidement, la mobilisation a révélé qu’il ne s’agissait que de la partie visible de l’iceberg. La loi LRU, votée à la hussarde en juillet 2007, donne en effet aux présidents un pouvoir accru dans la gestion des personnels. Il est dès lors logique pour le gouvernement de préciser ces pouvoirs par décret, tout comme il est logique pour les enseignants de se battre contre la loi LRU en général, aux côtés des étudiants et des autres personnels qui subissent, eux aussi, les conséquences de cette loi.

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"Nous ne sommes pas à vendre !"
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