Contre-pied

« À l’aventure », de Jean-Claude Brisseau, sort de l’ordinaire, comme ses personnages.

Christophe Kantcheff  • 2 avril 2009 abonné·es

On a beau y voir des séances d’envoûtement, des parties de jouissance sadomasochiste ou des extases mystiques, c’est sur un banc que se déroule l’action principale du nouveau film de Jean-Claude Brisseau, À l’aventure. C’est aussi là que le film commence. Non que Sandrine (Carole Brana) ait décidé de se clochardiser – même si elle rompt avec une existence conventionnelle, déjà toute tracée –, mais parce que c’est là, précisément, qu’elle prend conscience de son ennui, aidée en cela par un prof de maths philosophe (Étienne Chicot, épatant), qui, sur ce fameux banc, dénonce le grégarisme et l’aliénation.

À l’aventure clôt un cycle dans la filmographie de Jean-Claude Brisseau. On y retrouve un certain nombre des objets qui étaient au centre de ses films précédents, comme l’expérimentation sexuelle ou le fantastique. Sandrine entre dans la (tendre) intimité d’un psychiatre en herbe (Arnaud Binar), assez fier de son savoir et de ses capacités d’hypnotiseur. Par lui et ses talents, Sandrine et deux autres jeunes femmes atteignent l’extase sexuelle. Puis, ivre de son nouveau pouvoir, le jeune psychiatre va entraîner l’une d’elles vers l’extase mystique.

Le contre-pied, ou contrepoison, de ces expériences de plus en plus risquées se trouve dans les propos du vieux sage qui, tel un Socrate des bancs publics, préfère les perspectives du monde ­présent aux vertiges de l’outre-monde. Celui-ci et l’indépendante Sandrine forment deux beaux personnages qui finissent par s’accorder, dans un film qui met en scène de la pensée. Voilà qui n’est pas banal.

Culture
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