Passion muette

Didier Blonde ressuscite une star du cinéma
des années 1910.

Christophe Kantcheff  • 30 avril 2009 abonné·es

Au départ, il y a la fascination que seules les actrices de cinéma ­peuvent exercer. Fascination plus grande encore quand il s’agit de jeunes femmes pâles et graciles dont la silhouette et le visage, depuis longtemps oubliés, hantent les films des débuts du cinéma. Telle Suzanne Grandais, qui fut dans les années 1910 une star du muet. C’est à Didier Blonde, déjà auteur des Fantômes du muet (Gallimard, 2007), que l’on doit cette exhumation de l’héroïne du Chrysanthème rouge , où, écrit-il, elle est « si belle en ensorceleuse aux grâces minaudières » . Le voilà définitivement mordu.
De même que le fut un certain Jean D., l’autre personnage important du récit de Didier Blonde, contemporain de Suzanne Grandais, son amoureux le plus assidu, puisque son sentiment perdura au-delà de la mort de l’actrice, fauchée en pleine gloire en 1920 par un accident d’automobile. Mais amoureux transi et resté secret. D’où le titre, Un amour sans paroles, qui a plus d’un sens.
Sans paroles, mais pas sans écrits, puisque Jean D. a laissé derrière lui un manuscrit consacré à Suzanne, où, notamment, il consigne ses tentatives, toujours avortées, pour entrer en relation avec la jeune femme. C’est donc à travers les yeux de Jean D., en tentant de reconstituer quelles ont été ses « stratégies d’approche » , que Didier Blonde retrace la carrière et la vie de Suzanne Grandais. Le récit est ainsi vibrant d’une passion rentrée, qui devient plus bouleversante encore que le charme disparu de la jolie comédienne.

Culture
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