Un pays exsangue

Amputée de tous côtés, privée d’accès à la mer, la Moldavie reste coincée entre une Russie qui n’offre plus de débouchés à ses produits agricoles et une Union européenne qui refuse de lui ouvrir sa porte.

Claude-Marie Vadrot  • 16 avril 2009 abonné·es

Avec un territoire déjà réduit
– 34 000 km2 –, ayant perdu depuis longtemps son accès à la mer Noire, la Moldavie a été amputée au début des années 1990 par la sécession de la Transnistrie, une étroite bande de terre de 4 160 km qui s’étend entre la rive gauche du Dniestr et l’Ukraine. Une « réserve » de 550 000 communistes, protégée par un millier de soldats russes. Cet État autoproclamé, et d’une tristesse infinie qui évoque les années 1950 de l’URSS, n’est reconnu que par la Russie depuis le dernier affrontement armé, en juin 1992, d’un conflit qui a provoqué environ un millier de morts. Ce pays miné par la corruption ne survit que grâce aux subventions russes, et aux trafics en tous genres (dont les armes et la drogue) qui ne contribuent pas à améliorer le sort d’une population encore plus pauvre que les habitants de ce qui reste de la Moldavie. Laquelle a dû en plus accepter, il y a quelques années, après un bref conflit, la création dans le sud du pays de la Région autonome des Gagaouzes : 200 000 habitants d’origine turque vivant (assez bien) de l’agriculture sur 1 830 km2. Ils disposent d’un gouvernement qui veille à leur autonomie et au respect de leur culture et de leur langue. Mais cette région ne constitue pas, comme la Transnistrie, un moyen de pression de la Russie sur la région.

Les 4 millions de Moldaves souffrent de l’effondrement de leur économie, autrefois essentiellement consacrée à une production de fruits, de légumes et de vin destinés principalement à l’exportation vers la Russie ; laquelle, aujourd’hui, n’en veut plus. Et l’Europe n’est pas intéressée, laissant le pays à ses rêves d’Union européenne, tandis que s’éloigne un autre rêve agité par les nationalistes roumains : la reconstitution d’une Grande Roumanie.

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