C’est d’la bombe !

Une plongée dans le travail situationniste de Kiki et Loulou Picasso.

Marion Dumand  • 25 juin 2009 abonné·es

Fini le Comité invisible et Julien Coupat. Faites place maintenant à la Fraternité des précaires. La quoi ? «  La Fraternité des précaires ne revendique aucun acte illicite, aucun fait divers sanglant, pourtant la plupart des actes de malveillance ou d’incivilité attribués à des groupes anonymes ou à des individus isolés serait l’œuvre de ses Volontaires. » Grâce à L’Association, voici enfin disponible « l’étude d’impact sur le développement » de ses activités.
En d’autres mots, et avec moins d’esprit situationniste, le livre Engin explosif improvisé regroupe une partie du travail graphique de Kiki et Loulou Picasso : 26 pages contemporaines et des annexes très réussies, dont des planches de la série les Animaux malades , datant de la fin des années 1970.
Kiki et sa peinture d’après photo, Loulou et son trait épais, géométrique, concoctent un univers déroutant, en duos d’images et de mots polyphoniques (slogan, propagande, poésie).
Un exemple. En haut, de jeunes Asiatiques battent tambour ; en bas, la police montée avance. Entre ces deux groupes, un mot d’ordre : « Encadrer » et un manifeste : « Nous [les artistes corps d’élite] sommes depuis toujours parfaitement organisés pour vous distraire. » Improvisé, peut-être, ce drôle d’engin a fait l’objet d’une attention éditoriale toute particulière, conçue par l’Office central des inégalités et se logeant dans les moindres détails, jusqu’aux postes fantaisistes (responsables de Sanofi-Aventis ou du Groupe inter-armée) de collaborateurs, eux, bien réels. Engin explosif improvisé est une petite bombe, espiègle et perturbante, en plein royaume bling-bling.

Culture
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