Mariages heureux

Le clarinettiste Peter Vermeersch pratique l’harmonie cocasse.

Denis Constant-Martin  • 25 juin 2009 abonné·es

Peut-on imaginer aujourd’hui une musique qui fusionne jazz et contemporain, écriture et improvisation, acoustique et électronique, organisation et folie débridée ? Une musique qui ne se contente pas de mélanger ces genres et ces techniques mais invente un langage original où tout est mis en synergie par le talent du compositeur ? Une des réponses vient de Belgique sous la forme de la Flat Earth Society dirigée par le clarinettiste Peter Vermeersch : un orchestre de 15 virtuoses issus du rock, du jazz et de l’avant-garde européenne. Le chef est lui-même exemplaire de l’éclectisme fondateur qui caractérise les membres de son groupe : architecte, il abandonne les formes pour les sons et plonge dans le rock inventif pour ensuite travailler sur les liens entre musique, images et mouvements, dans le théâtre, le cinéma et la danse. Il crée en 1999 cette « Société de la plate terre » (ou du plat pays ?) qui fournit le laboratoire où faire bouillonner ses compositions. Avec une mise en place incroyablement rigoureuse, la folie sonore de Spike Jones renaît dans un univers où le gag auditif n’est pas le seul but mais devient un moyen de musiquer.
Sur un matelas d’effervescence rythmique, les combinaisons de timbres virevoltent pour décaler l’habituel vers l’inouï, dans le tourbillon ou la tendresse (comme en témoigne la délicate reprise d’un bijou du swing dû au trompettiste Charlie Shavers). Constructeur très sérieux de cocasse harmonieux, Peter Vermeersch voit peut-être la terre plate, elle n’en tourne pas moins terriblement rond…

Culture
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