Surveillance dans les établissements scolaires : « Agir dans le respect humain »

Nicolas Sarkozy envisage un renforcement de la surveillance dans les établissements scolaires. Proviseure du lycée Darius-Milhaud au Kremlin-Bicêtre, Ghislaine Hudson revient sur les mesures annoncées.

Jean-Claude Renard  • 4 juin 2009 abonné·es
Surveillance dans les établissements scolaires : « Agir dans le respect humain »

Politis / Quelles réactions vous inspirent les mesures avancées le 28 mai par Nicolas Sarkozy concernant la sanctuarisation des établissements scolaires ?

Ghislaine Hudson / Le problème de l’insécurité est important et touche certains territoires plus que d’autres. Il ne faut pas se cacher la tête dans le sable, mais l’estimer à sa juste valeur. En même temps, il ne faut pas se tromper de traitement, au risque d’aggraver la situation. Il s’agit de trouver les justes solutions et de s’appuyer sur l’expérience des professionnels : les conseillers et les assistants d’éducation, ainsi que les chefs d’établissement, qui ont précisément l’expérience des difficultés.
Certaines mesures marchent incontestablement. Dans mon lycée, la Région a installé une clôture, identifiant parfaitement le territoire du lycée. Elle a également placé une caméra vidéo à l’entrée, balayant les entrées et les sorties. Ces deux mesures nous ont permis d’intervenir très vite en cas de problème. Quand il y a un bon diagnostic, des mesures réfléchies ensemble, cela fait une grande différence. Les mesures doivent être dissuasives mais ne pas apparaître comme des vexations supplémentaires, ni donner une image trop négative de l’établissement.

La fouille systématique
des sacs à l’entrée
des établissements scolaires est-elle envisageable ?

D’une certaine façon, nous pratiquons déjà la fouille des sacs quand on a une forte suspicion sur une classe ou sur quelqu’un. Dans ce cas, on appelle la police, on se met discrètement dans une pièce. Cela frappe les esprits mais ce n’est pas, pour nous, une grande nouveauté. Il faut montrer aux élèves que c’est dans leur intérêt, et donc intervenir avec beaucoup de doigté, de respect humain. Quand on a de bons relais avec les forces de police et qu’on se partage le travail, on arrive très bien à se sortir des situations délicates.

Nicolas Sarkozy a également annoncé la constitution auprès des recteurs d’une équipe mobile d’agents qui aideraient les chefs d’établissement
en cas de problèmes disciplinaires…

Cette équipe mobile n’a pas encore de profil déterminé. Pour le moment, on ne sait pas s’il s’agirait de forces de l’ordre, de super-surveillants ou bien de médiateurs. Nous avons déjà ce qu’on appelle des « correspondants lycée » dans les commissariats, une personne identifiée avec laquelle on travaille. Quand on a un problème, il nous arrive d’être aidés, accompagnés. En attendant, les gens dont nous avons besoin sont ceux qui connaissent le milieu scolaire. On ne peut pas greffer sur un milieu heurté, en difficulté, des interventions non réfléchies, iniques. Il faut des gens qui aient à cœur de travailler avec les acteurs du lycée.

Quelles seraient les bonnes mesures ?

Premièrement, une très bonne formation des enseignants, notamment pour les jeunes professeurs, sur la difficulté de la gestion de la classe et du mal-être des adolescents. Deuxièmement, un personnel non-enseignant en nombre suffisant : des assistants d’éducation, une assistante sociale, une infirmière, un médecin scolaire, un psychologue. C’est aussi utile pour nous que des surveillants. Troisièmement, des établissements sécurisés, notamment avec des clôtures, des caméras à l’entrée, des choses raisonnables qui ne stigmatisent pas les établissements. Enfin, un travail local avec les forces de ­l’ordre, les gardiens de la paix, les conseils de prévention de la délinquance qui nous alertent sur les problèmes sociaux et nous permettent de répondre rapidement.

Société
Temps de lecture : 3 minutes