Une élection décisive

Entre le discours d’Obama au Caire et l’élection iranienne, les événements se précipitent.

Alain Lormon  • 4 juin 2009 abonné·es

Le monde s’est rarement autant passionné pour une élection présidentielle iranienne. Cet intérêt pour le scrutin du 12 juin résulte évidemment du débat autour du nucléaire, mais aussi de la personnalité de l’actuel président, Mahmoud Ahmadinejad, qui est candidat à sa succession. Accessoirement, cette focalisation peut nous permettre de comprendre un peu mieux les complexités d’un régime qui n’est certes pas une « démocratie occidentale », mais qui n’est pas non plus une dictature. Les incertitudes du scrutin en témoignent. Si Mahmoud Ahmadinejad est donné favori des derniers sondages, une surprise n’est pas exclue.

Son principal rival semble être Mir-Hossein Mousavi, réputé plus libéral, dans tous les sens du mot. Il promet davantage de liberté. Mais c’est le candidat religieux, Mehdi Karoubi, qui reçoit le soutien des jeunes. L’un de ses meetings de campagne, lundi à Machhad, s’est transformé en violente manifestation anti-Ahmadinejad : « Mort au dictateur ! » , ont scandé des milliers d’étudiants, dont certains leaders avaient été emprisonnés pour « insultes contre l’islam » … Mehdi Karoubi se présente comme le candidat du changement, tant dans le domaine social que dans celui des libertés. Il promet aussi de « changer l’image internationale de l’Iran » « en évitant les propos déplacés et en ouvrant l’économie aux partenaires étrangers ». Les libertés publiques et plus encore la situation économique et sociale sont au cœur de la campagne. La question du nucléaire et de l’indépendance nationale est surtout instrumentalisée par Mahmoud Ahmadinejad pour esquiver la question sociale.

Le troisième candidat, le général Mohsen Rezaï, ancien chef des Gardiens de la Révolution, s’inscrit nettement dans la lignée conservatrice, ou, pour le dire autrement, répressive. Mais l’élection iranienne sera précédée d’un autre événement qui risque de modifier la donne dans la région. En s’adressant « aux musulmans », jeudi au Caire, le président américain Barack Obama devrait en dire un peu plus sur ses intentions en ce qui concerne le conflit israélo-palestinien. Il semble déterminé à placer ce dossier en tête de ses priorités dans la région. Il y est fortement encouragé par l’Arabie Saoudite. Israël, en revanche, s’efforce toujours de convaincre que la question du nucléaire iranien est un préalable. En vérité, la question palestinienne est également instrumentalisée par Mahmoud Ahmadinejad. Lui ôter cet argument devrait être un impératif pour ceux qui veulent vraiment la paix dans la région.

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