Alain Refalo et les instituteurs désobéissants : l’Education nationale règle ses comptes

Depuis novembre 2008, les enseignants sont de plus en plus nombreux à refuser d’appliquer les réformes Darcos. Une désobéissance civile et pédagogique qui n’est pas sans risque, comme le montrent les sanctions infligées par l’Education nationale à l’instituteur Alain Refalo.

Politis.fr  et  Fanny Derrien  • 22 juillet 2009 abonné·es
Alain Refalo et les instituteurs désobéissants : l’Education nationale règle ses comptes

Si les salles de classe sont vides, les commissions disciplinaires ne désemplissent pas. En ce début de vacances scolaires, une dizaine d’enseignants du primaire passent devant la Commission administrative paritaire pour des faits de « désobéissance pédagogique et civile » . Parmi eux, Alain Refalo, professeurs des écoles à Colomiers (Haute-Garonne), qui attend sa sentence dans les prochains jours. Ces quelques instits’ contestataires et médiatisés ne représentent sans doute que la face émergée de l’iceberg. Depuis novembre 2008, ils sont plus de 3000 à refuser publiquement d’organiser les deux heures d’aide personnalisée pour les élèves en difficulté, ou de faire remonter les résultats des évaluations des CM2. Des mesures initiées par Xavier Darcos, alors ministre de l’Education nationale.

Initié en novembre 2008 par Alain Refalo, ce mouvement a connu un succès immédiat. Dans le mois qui suit la publication de sa lettre « En conscience, je refuse d’obéir », adressée à l’inspecteur de l’Académie, plus de 8000 personnes ont visité le blog « Résistance pédagogique pour l’avenir de l’école ». Convoqué à plusieurs reprises, Alain Refalo a déjà été sanctionné de 19 jours de retrait de salaire et d’un refus de promotion. Il risque désormais une expulsion temporaire, ou une mutation d’office pour « refus d’obéissance, manquement au devoir de réserve, incitation à la désobéissance collective et attaque publique contre un fonctionnaire de l’Education nationale» .

« Ces motifs ne sont pas liés à mes capacités professionnelles, ce sont des motifs politiques , affirme Alain Refalo. C’est hypocrite, on ne nous reproche pas d’avoir désobéi, mais d’avoir affiché notre désobéissance » . Au respect de la hiérarchie, « les désobéisseurs » opposent l’éthique et la responsabilité. Souvent soutenue par les parents d’élèves, leur démarche s’inscrit dans une résistance globale face « au démantèlement et à la privatisation de l’Education nationale » . Un point de vue pas vraiment du goût du nouveau ministre de l’Education nationale, Luc Châtel : « Il n’y a pas de raisons de mettre fin aux poursuites contre les enseignants qui refusent d’appliquer les réformes ».

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