Dans la tribu Politique Hebdo

Claude-Marie Vadrot  • 23 juillet 2009 abonné·es

Pour qui venait de la (petite) marmite
du PSU, où il était tombé à cause de (ou grâce à…) 1968, la plongée dans l’équipe de Politique Hebdo , à partir de l’automne 1971, ressemblait à l’arrivée dans une tribu d’Indiens aux mœurs souvent indéchiffrables, aux codes politiques inconnus. Il fallait naviguer entre
les anciens et déçus du PC, les primo-chevènementistes (George Sarre, déjà !), les néomarxistes, les maos déjà repentis, les trotskistes prudents, les rénovateurs enthousiastes et quelques cathos de gauche. Un sacré melting-pot, dans lequel pas grand-chose ne fondait, même s’ils avaient tous en commun, ce qui m’attira, de vouloir exercer un nouveau journalisme débarrassé de la prudence habituelle de la presse. Alors que l’écologie restait encore un peu partout un gros mot, les rescapés des Trente Glorieuses et de l’aventure de la gauche issue de la Seconde Guerre mondiale se poussèrent un peu pour faire de la place aux préoccupations écologistes et féministes, que, par un vieux réflexe, ils mettaient toujours ensemble. Qu’il s’agisse de la revendication pour l’avortement libre et gratuit, que même un dominicain défendait avec des précautions de jésuite, de la bio, des dangers de l’amiante, du règne sans partage de la voiture, des menaces du nucléaire, des pollutions diverses et variées, de la lutte du Larzac, Politique Hebdo s’immergea avec délices dans les nouvelles contestations sans oublier les anciennes. Et sans oublier non plus le rêve de changer le parti communiste sans vouloir regarder vers la rénovation italienne.

Ce fut, politiquement et journalistiquement parlant, une expérience formidable pour qui ramait encore dans la « presse bourgeoise », comme on disait alors. Une traduction journaliste bien plus aboutie que l’expérience de l’Agence de presse Libération , où je contribuais à équilibrer
le dogmatisme des maos.
Jeune journaliste, j’ai beaucoup appris pendant toute l’aventure de Politique Hebdo , appréciant à sa juste valeur l’ouverture d’esprit et le professionnalisme de Paul Noirot.

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