Deux reines dans son jeu

Mary Stuart, de Schiller, vue par Stuart Seide. Orageux et magistral.

Gilles Costaz  • 24 septembre 2009 abonné·es

Grande production du Théâtre du Nord la saison dernière, Mary Stuart passe de Lille à Saint-Denis avec tout son faste tragique. C’est une suite de grandes visions orageuses qu’a composée Stuart Seide en compagnie de sa troupe et de son scénographe, Philippe Marioge. Mais le renouveau vient d’abord du texte établi par Seide et Eberhard Sprend, qui a concentré l’architecture du drame de Schiller, allant même jusqu’à réduire deux des actes en un seul, pour aller plus vite et mieux mettre en parallèle les sentiments de captivité de chaque reine. Car, l’histoire est connue, Mary Stuart, reine d’Écosse, fut emprisonnée et exécutée par Elisabeth I, reine d’Angleterre. La première fut incarcérée pendant vingt ans, la seconde – selon le metteur en scène – fut prisonnière de sa propre pensée, verrouillée par des nécessités politiques étroites. Aussi le spectacle est-il une grande variation sur l’indispensable besoin de liberté de l’esprit.
La scène est un vaste tableau muséal traversé d’anachronismes. Cécile Garcia-Fogel incarne une Elisabeth féroce, comme malgré elle, portée par une mission qu’elle adore et qui, en même temps, l’effraie. Océane Mozas est, face à elle, une Mary Stuart de grande plainte et de grande pudeur. Elles forment un magistral duo de souveraines mythiques, autour duquel gravitent des acteurs à la ­fièvre romantique, Vincent Winterhalter, Sébastien Amblard, Julien Roy, Pierre Barrat. Voilà l’une des grandes mises en scène de la pièce.

Culture
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