Les croisements de Paris

Le « jazz manouche » est remis à l’honneur par un CD et un concert.

Denis Constant-Martin  • 10 septembre 2009 abonné·es

La mode a popularisé l’appellation « jazz manouche » pour désigner un style qui fut inventé par le Quintette du Hot Club de France (HCF) dans les années 1930. Certes, le guitariste Django Reinhardt, qui détenait dans cette formation le pouvoir d’imagination, était d’origine manouche (c’est-à-dire tzigane de l’Europe du Nord), mais il ne faut pas oublier que bien d’autres musiciens contribuèrent à façonner et à faire évoluer ce style. En outre, la plupart des musiciens manouches ou gitans qui passèrent au swing avaient été d’abord formés au musette.

Le jazz dit manouche fut en fait le résultat de multiples croisements parisiens. Outre Django Reinhardt, trois frères guitaristes, les Ferret (d’origine gitane, eux, c’est-à-dire tziganes d’Espagne), jouèrent un rôle prépondérant dans le développement de ce « jazz à la française ». Barro y installa des harmonies inusitées et montra tout le parti qu’on pouvait tirer de la valse en jazz. Sarane, guitariste aux attaques puissantes, aux phrases concises et tranchantes, joua surtout dans des formations avec violon évoquant le quintette du HCF. Matelo était le plus effervescent, le plus imaginatif, il contribua à faire entrer ce jazz dans la modernité.

Les frères Ferret sont remis à l’honneur par un superbe coffret proposé par Frémeaux et, pour retrouver le goût de la valse swing, le festival des Nuits de nacre propose une belle soirée « Super Swing musette » avec l’accordéoniste Jean-Claude Laudat.

Culture
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