Parutions

Thierry Brun  • 10 septembre 2009 abonné·es

Pourquoi les crises reviennent toujours

Paul Krugman, Éditions du Seuil, 201 p., 17 euros.

Comment le monde a-t-il pu devenir aussi dangereux ? s’interroge le prix Nobel d’économie Paul Krugman dans une nouvelle édition de Pourquoi les crises reviennent toujours.
Ce flamboyant keynésien a consacré la majeure partie de son ouvrage à la crise asiatique des années 1990, qui se révèle avoir été une sorte de répétition générale de la crise mondiale en cours. Le récit de cette catastrophe « semble sortir tout droit d’une histoire financière des années 1930 » . Dans un style limpide, à l’écart des sentiers battus de la théorie, Krugman raille Robert Lucas, son prédécesseur Nobel d’économie en 1995, qui annonçait en 2003 : « Le principal problème de la prévention de la dépression a été résolu en pratique. » Et se paye Ben Bernanke en personne, qui, avant de devenir président de la Banque centrale américaine, se révélait d’un optimisme déconcertant. Car rien n’est résolu avec le capitalisme triomphant d’aujourd’hui. L’économiste américain estime que nous « baignons bien dans l’atmosphère de l’économie de la dépression » et fustige le corpus d’idées creuses qui revendique au nom de « l’économie de l’offre » une doctrine fanatique. Une belle leçon que cet ouvrage qui nous laisse cependant sur notre faim. Krugman préconise un traitement de l’urgence et un sauvetage financier qui, certes, révèle les actions très limitées des États-Unis et de l’Europe. Mais, hors du capitalisme, aucune perspective n’est offerte, alors que le prix Nobel déplore que le monde titube d’une crise à l’autre depuis la Grande Dépression. Sa critique d’une mondialisation financière « plus dangereuse que ce que nous pensions » n’en est pas moins juste et fait apparaître l’obsolescence de certaines doctrines.

Les Crises du capitalisme

Karl Marx, préface de Daniel Bensaïd, Éditions Démopolis, 208 p., 14 euros .

Dans les Crises du capitalisme, un texte inédit de Karl Marx préfacé par le philosophe Daniel Bensaïd, on découvre des notes préparatoires pour l’ouvrage magistral le Capital. Les spécialistes de Marx n’apprendront sans doute rien, mais les lecteurs néophytes découvriront Marx avec bonheur à travers un texte court, accessible et visionnaire. Citons la brève conclusion, qui renvoie parfaitement à la crise sociale et écologique actuelle : « La surproduction suit la loi générale de production du capitalisme, qui est de produire à la limite supérieure des forces productives (la possibilité, avec une masse donnée de capital, d’exploiter la plus grande masse possible de travail) sans tenir compte des limites existantes du marché ou des besoins solvables […] ». L’autre grand intérêt de cet ouvrage est la lecture de Marx par Daniel Bensaïd, qui renouvelle la compréhension des crises récentes, ainsi qu’un lexique détaillé et une « note éditoriale ».

Idées
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