Plan de santé Obama : vrai changement ou nouvel échec ?

Près de cent ans après la première tentative de Theodore Roosevelt, Barack Obama s’est présenté devant le Congrès le 9 septembre dernier pour défendre son plan d’assurance-santé. Retour sur un siècle de réformes, d’après une chronologie publiée par le New York Times.

Politis.fr  et  Antoine Vezin  • 14 septembre 2009 abonné·es
Plan de santé Obama : vrai changement ou nouvel échec ?

En 1912, T. Roosevelt présente un système d’assurance maladie dans son programme, un plan largement inspiré des idées de Bismarck : « Nous devrions étudier ce qu’a fait l’Allemagne pour les pensions de retraites et l’assurance, et adapter ce système à nos besoins » . Mais Woodrow Wilson remporte les élections et Roosevelt ne mettra jamais son programme à exécution. Durant la Grande dépression, l’équipe de Franklin Roosevelt détachée à la sécurité sociale et à l’emploi évoque la mise en place d’un programme de santé publique. L’Agence médicale américaine (AMA, le lobby US de la santé) juge ce projet trop « socialisé » et s’y oppose.

À la fin de la Seconde guerre mondiale, Harry Truman présente au Congrès une révision du système de santé, mais ce dernier en rejete la révision sous la pression de l’AMA. En 1949, la Cour suprême soutient les règles émises par le Bureau national des relations de travail et confirme que l’obtention de l’assurance-santé est avant tout réservée aux salariés.
En 1954, une loi exonère les ponctions directes sur les fiches de paie afin de favoriser la souscription d’assurances privées. En 2008, le coût de l’exonération est estimé à 226 milliards de dollars. Quelques années plus tard, en 1962, les lobbies pharmaceutiques auront raison du plan de réforme de John F. Kennedy.

L’année 1965 est marquée par une révolution en matière de santé. Les systèmes Medicaid et Medicare, encore utilisés aujourd’hui, voient le jour sous le mandat du président L. B. Johnson. Ces mesures fournissent une assurance-maladie aux personnes âgées de plus de 65 ans, aux foyers à bas revenus et aux handicapés. Aujourd’hui, presque 45 millions de personnes bénéficient de Medicare et 59 millions de Medicaid. Sous la présidence de Jimmy Carter, la récession économique due aux chocs pétroliers annihile cependant toute tentative d’instaurer une couverture publique généralisée obligatoire.

Lorsque Bill Clinton arrive au pouvoir en 1992, son programme prévoit la mise en place d’une assurance-maladie obligatoire. Un échec de plus : sa réforme est rejetée par le Congrès en 1994. Plusieurs raisons sont avancées, comme l’omniprésence des lobbies de l’industrie de la santé à Washington ou encore l’incapacité des médias et du gouvernement à expliquer le contenu de la réforme. Malgré l’échec, Bill Clinton créé le programme d’assurance-maladie pour les enfants en 1997. Onze ans plus tard, on recense sept millions de bénéficiaires.

En 2003, Georges W. Bush signe une loi qui autorise enfin le remboursement des médicaments prescrits à tous les Américains de 65 ans et plus, ainsi qu’à tous les handicapés, sous condition d’être bénéficiaire du programme Medicare.

Enfin, depuis 2009, Barack Obama tente lui aussi d’imposer l’assurance-maladie obligatoire et mettre ainsi un terme aux abus des compagnies d’assurances. Tout en permettant au 48 millions d’Américains sans couverture santé d’être mieux soignés. Conscient des immenses difficultés qui l’attendent, le président américain est resté optimiste lors de son discours devant le Congrès : « Je ne suis pas le premier président à me saisir de cette cause, mais je suis déterminé à être le dernier. »

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