Silence, on rénove

Tout à leur réforme interne, les socialistes veulent oublier les fraudes du passé.

Michel Soudais  et  Antoine Vezin  • 17 septembre 2009 abonné·es

Foin de polémiques inutiles. Samedi, les socialistes s’étaient entendus pour ne pas évoquer les soupçons de triche qui entachent l’élection de leur Première secrétaire. Pourtant, il a bien été question des modalités des scrutins internes dans le projet de rénovation dont discutait leur conseil national. À cette étape, il s’agissait seulement de lancer un chantier prévu pour durer jusqu’en juin 2010. Et de s’accorder sur les cinq questions à mettre en débat, les militants devant se prononcer sur celles-ci lors d’une consultation militante le 1er octobre.
La première, qui est aussi la plus médiatisée, porte sur l’ouverture des primaires aux « citoyens qui souhaitent le changement » . Mais aussi, si les militants PS l’acceptent, aux formations de gauche qui souhaiteraient y participer. Dans ce cas, certains, comme Bernard Poignant, maire de Quimper, craignent déjà que le vainqueur puisse ne pas être un socialiste et demandent à la direction du PS d’apporter des garanties qu’il ne pourra jamais en être ainsi. Autre crainte : les candidats déchus respecteront-ils les résultats ?

Comme Martine Aubry s’y était engagée à La Rochelle, les adhérents du PS sont aussi invités à mettre fin au cumul des mandats en inscrivant dans les statuts du PS l’objectif du mandat parlementaire unique à partir de 2011. Une question secondaire les interroge sur l’opportunité de « limiter à trois les mandats successifs des présidents d’exécutifs locaux ». Un sujet sensible qui est loin de faire l’unanimité parmi les élus. Dans un dernier baroud, ces derniers, François Rebsamen en tête, tentent de justifier le cumul pour les… sénateurs.

Autres questions : le PS doit-il appliquer la « parité totale » dans toutes ses instances et aux législatives, et faire preuve de volontarisme pour assurer « la représentation des diversités de la société française »  ? Doit-il se doter d’une « charte d’éthique » et d’une commission ad hoc pour veiller à ce que « la loyauté et les obligations envers le parti » soient respectées ?
Enfin, afin de parvenir à « une démocratie interne aboutie » , la direction souhaite réformer le mode de désignation des dirigeants socialistes. La polémique suscitée par le livre des journalistes Antonin André et Karim Rissouli, Hold-up, arnaques et trahisons (éd. du Moment), peut y pousser, mais rien de clair n’est mentionné pour assurer la fiabilité des votes. En revanche, la rénovation projetée envisage des simplifications et facilités d’adhésion. Une mesure qui, comme les primaires, aura pour conséquence d’ouvrir le PS à tous les vents de l’idéologie dominante.

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