La dernière chance

À deux mois du sommet de Copenhague, un rapport confirme les pires craintes des scientifiques.

Patrick Piro  • 8 octobre 2009 abonné·es
La dernière chance

New York (Nations unies), Pittsburgh (G20), Bangkok (session de préparation à Copenhague)… Les réunions internationales se multiplient pour forcer un accord dans la lutte contre le dérèglement climatique au sommet de Copenhague (du 7 au 18 décembre). Mais les résultats sont maigres : les efforts promis par les pays industrialisés, premiers responsables du désastre, sont encore loin d’être à la hauteur ; les pays émergents (Chine, Inde, Brésil, etc.), dont les émissions de gaz à effet de serre ont crû de façon spectaculaire depuis 2000, n’entendent pas bouger les premiers ; et la cohorte des autres pays du Sud attend des aides pour financer l’adaptation à la crise climatique. Pour corser l’ambiance, le Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue) vient de publier une synthèse du dérèglement en cours à partir de 400 des plus importantes publications scientifiques récentes.

C’est pourtant au Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec, près de 2 000 experts de plus de cent pays) qu’est dévolue la tâche de fournir périodiquement un état des lieux aux gouvernements. Son dernier rapport, en 2007, établissait pour la première fois la responsabilité humaine dans la dérive climatique. Mais le prochain n’est prévu qu’en 2014, et de nombreuses voix se sont élevées pour réclamer plus de réactivité : la crise donne des signes d’accélération et d’aggravation, alors que les émissions de gaz à effet de serre croissent comme jamais : plus 3,5 % par an.

Selon le Pnue, le plus pessimiste des scénarios 2007 du Giec est déjà presque probable, et l’on peut parler d’impacts irréversibles en cours. Les glaces signalent un réchauffement d’intensité inattendue. L’Arctique, que l’on prévoyait dépourvu de banquise en fin d’été vers 2100, pourrait l’être dès 2030. La fonte des glaciers terrestres du Groenland et de l’Antarctique Ouest est 60 % plus importante qu’admis il y a deux ans. Si bien que la hausse des mers pourrait friser les deux mètres en 2100 – quatre fois plus que la plus alarmante prédiction du Giec 2007… Autre préoccupation : des phénomènes et écosystèmes s’approchent, avec quelques décennies d’avance, de « points de non-retour » – disparition des glaces arctiques, modification des moussons sud-asiatique et ouest-africaine, savanisation de l’Amazonie. Mutation de climats régionaux, disparition d’espèces, boule­versement d’écosystèmes, etc. : tous les signaux vont vers le rouge.
Récemment encore, la communauté internationale s’octroyait une décennie pour réagir vigoureusement. En quelques mois, ce répit s’est volatilisé. Copenhague ou jamais : ce n’est plus un slogan militant.

Écologie
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