Le droit de produire

Un rassemblement à Paris a commémoré les 25 ans de lutte du Mouvement des sans-terre du Brésil.

Fanny Derrien  • 8 octobre 2009 abonné·es

Au Brésil, 4,8 millions de familles paysannes sont « sans terre ». «  Après le Paraguay, c’est le pays où la concentration des terres est la plus importante » , affirme Andreia Borges, membre de la direction nationale du Mouvement des sans-terre (MST). Créé en 1984, le MST lutte pour une réforme agraire et un changement social fondé sur la sécurité alimentaire. Présent dans tout le Brésil, il organise des occupations de terres qui durent parfois plusieurs années, jusqu’à obtenir justice. « L’article 184 de la Constitution prévoit que l’État peut désapproprier le bien rural qui n’accomplit pas sa fonction sociale » , explique Douglas Estevam, représentant du MST en France. Il a permis jusqu’à présent à 350 000 familles d’obtenir des terres.

Le MST accorde aussi une grande importance à l’éducation et à la promotion de modèles agricoles respectueux de l’environnement. Son mot d’ordre : « Occuper, résister, produire ». Pour Bernard Salamand, directeur du Centre de recherche et d’information sur le développement (Crid), « c’est un mouvement exemplaire par sa capacité à agréger les demandes de la population et à développer des services » . Aujourd’hui, les enjeux auxquels est confronté le MST dépassent largement le contexte brésilien. Les sans-terre ne luttent plus uniquement contre les grandes exploitations modernes, ils s’opposent aussi à l’accaparement des terres par les entreprises. Andreia Borges s’indigne que « Monsanto et DuPont/Syngenta contrôlent l’ensemble de la chaîne de la production agricole » . Le prix de la terre augmente et la fabrication d’agrocarburants a des conséquences désastreuses sur l’emploi et l’environnement. La Confédération paysanne, coorganisatrice avec le Crid et Frères des hommes du rassemblement qui s’est tenu à Paris du 29 septembre au 4 octobre pour les 25 ans du MST, partage ce point de vue : « Les agriculteurs du Nord et du Sud ne doivent pas se faire la guerre. L’ennemi ce sont les multinationales. » Six jours de conférences et de débats auront permis de rappeler combien les problèmes du Sud sont aussi des enjeux au Nord.

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