Nantes ne veut plus voir ses Roms

Installés sur un terrain en friche, trois cents Tziganes sont à nouveau menacés d’expulsion. Leurs conditions d’existence n’ont cessé de se dégrader ces dernières années, malgré une démarche d’intégration.

Jean-Claude Renard  • 15 octobre 2009 abonné·es

Dans la ville de Nantes et ses alentours, huit terrains vagues, des friches urbaines ou industrielles, sont occupés par des familles roms. Aujourd’hui, dans le quartier de Chantenay, trois cents personnes (des enfants en majorité) sont logées dans des caravanes délabrées. Toutes menacées d’expulsion. En juin dernier, le juge de l’exécution des peines leur avait accordé un délai jusqu’au 30 septembre. Les familles se retrouvent maintenant dans la crainte d’une intervention imminente. Presque toutes ­vivent sur le sol nantais depuis quatre, cinq ou six ans. Autant d’années jalonnées d’expulsions et de déménagements ­brutaux pour ces familles qui tentent malgré tout de s’inscrire dans une démarche d’intégration : une scolarité pour les enfants, un travail et un logement décent.

Longtemps, l’agglomération nantaise a été un exemple de politique d’accueil et d’accès aux droits pour les Roms. Cette politique n’a plus cours. Ou bien a pris la voie inverse. « Un véritable harcèlement policier, dénonce le collectif nantais Romeurope, est observé sur les lieux de vie de ces familles, dont témoignent des pratiques telles que le projet de fichage des Roms par la police municipale au mois de mai dernier, ou, sur l’île de Nantes, ce mois-ci, l’encerclement total d’un terrain avec des buttes de terre, sans aucune issue. » De la même manière, les aides à la subsistance accordées par le conseil général dans le cadre de sa mission de protection de l’enfance « sont maintenant réduites de moitié et très limitées dans le temps » , poursuit le collectif. Lequel a reçu une fin de non-recevoir à sa demande d’audience auprès de Jean-Marc Ayrault, député-maire et président de Nantes métropole. À la veille de la trêve hivernale, pour ces citoyens européens, c’est donc un nouveau départ forcé qui se prépare, au petit matin, encadré par la police.

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