Nuits de Grèce

Angélique Ionatos et Katerina Fotinaki illuminent la langue des poètes.

Denis Constant-Martin  • 15 octobre 2009 abonné·es

Dans la voix d’Angélique Ionatos il y a un clair-obscur qui vient du plus profond de la chanson grecque, cette tonalité sombre que l’on entend dans le rébétiko (la chanson populaire athénienne), illuminée par une passion qui se joue dans la langue des grands poètes. Comme un jardin la nuit évoque cette lumière qui ne contredit pas l’ombre, mais y prend la fragilité de son irradiation.

En scène, deux femmes, Angélique Ionatos et Katerina Fotinaki, deux guitares, deux voix ; entre elles, passe la poésie sublimée par des coulées iridescentes de guitare, et la langue grecque se fait alors pure musique. Sappho et, surtout, Odysseus Elytis sont conviés à cette fête pour nourrir des songes de temps chaotiques et de pays idéaux. Ils y rejoignent Pablo Neruda, mais aussi Barbara et Léo Ferré, dont les mots, détachés de leur voix originelle, prennent des couleurs insoupçonnées.

Les musiques d’Angélique Ionatos puisent aux sources hellènes : le rébétiko, bien sûr, mais aussi les airs à danser campagnards, et leurs mises en forme plus savantes, comme celles que proposa Manos Hadjidakis, dont le talent ne se limite pas à la bande originale de J amais le dimanche.
Le charme, le tragique, l’aérien, le tellurique n’excluent pas l’humour, qui pointe dans le petit bijou de « tango mnémotechnique » conçu par Katerina Fotini. Pour ceux qui ne pourraient le voir en direct, Comme un jardin la nuit a fait l’objet d’une superbe production en un coffret qui propose un CD et un DVD.

Culture
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