Toutes les voix du monde

Giovanna Marini reprend sa superbe cantate « la Tour de Babel ».

Denis Constant-Martin  • 1 octobre 2009 abonné·es

Le mythe de la tour de Babel évoque la diversité linguistique du monde, cette infinie richesse que les technologies contemporaines rendent plus accessible et plus fragile à la fois. Quand Giovanna Marini décide de retravailler ce mythe, elle part de l’anéantissement des tours jumelles de New York, le 11 septembre 2001, pour chanter les absurdités du monde actuel à sa manière : en mêlant les langues (français et italien) et en tissant le chant dans le conte. Avec ses trois complices – Patrizia Bovi, Francesca Breschi et Patrizia Nasini –, Giovanna Marini évoque, dans l’entremêlement des styles vocaux, les côtés sinistres de la mondialisation autoritaire et répressive : bavures policières, guerres de la drogue, conflits mondiaux localisés en Irak ou en Afghanistan. Mais elle discerne aussi dans ce monde martyrisé l’espoir de l’effacement des frontières, de la proximité retrouvée dans l’acceptation de la multiplicité.

Le propos est d’autant plus convaincant qu’il est transmué dans un chant d’une grande beauté et des commentaires pleins de verve et d’humour. Non contente d’être une musicienne de talent, Giovanna Marini est un puits de science sur les formes du chant populaire. Ses études de conservatoire, sa formation ethnomusicologique et ses collectages lui ont permis de développer un style original qui fait de toutes ses apparitions, comme l’illustre encore « la Tour de Babel » (dans le cadre d’un programme dédié à Babel), des occasions de réflexion réjouissantes.

Culture
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