Un monde toujours sans pitié

À l’occasion de la journée mondiale contre la peine de mort, le 10 octobre, Amnesty International dresse un état des lieux accablant de la peine capitale, même si de moins en moins de pays l’appliquent.

Jean-Claude Renard  • 8 octobre 2009 abonné·es

Au cours de l’année 2008, pas moins de 2 390 personnes ont été exécutées dans 25 pays. Au moins 8 864 autres personnes ont été condamnées à mort, dans 52 États. Après avoir livré en mars dernier son rapport sur les peines capitales dans le monde ( Death, Sentences and Executions ), Amnesty International fait un nouveau tour d’horizon de l’âpre sujet à l’occasion de la Journée mondiale contre la peine de mort, ce samedi 10 octobre. En préambule, l’association évoque (le plus souvent en Arabie Saoudite, au Nigeria, au Yémen, en Iran et au Soudan, à la suite de procès iniques) l’application discriminatoire de la peine de mort, qui touche « de manière disproportionnée les plus démunis, les minorités et les membres de certains groupes raciaux, ethniques et religieux ».

Dans l’ensemble, observe Amnesty, «  le monde fait un nouveau pas en avant vers l’abolition de la peine de mort : seuls 25 pays des 59 qui maintiennent ce châtiment auraient procédé à des exécutions en 2008 ». Soit. Reste que des centaines de condamnations sont encore et toujours prononcées ici et là. L’état des lieux est précisément établi par zone. L’an passé, la majorité des exécutions a eu lieu en Asie, principalement au Bangladesh, en Corée du Nord, en Indonésie, en Malaisie, en Mongolie, au Pakistan, à Singapour, au Vietnam, au Japon (voir encadré) et en Chine, qui concentre à elle seule les trois quarts des exécutions dans le monde : 1 718 en 2008. Des chiffres probablement en dessous de la réalité, les exécutions étant classées secret d’État. Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, rapporte Amnesty, le nombre d’exécutions s’est élevé à 508. En Iran (346 personnes exécutées, dont 8 mineurs), la lapidation et la pendaison comptent parmi les méthodes les plus cruelles, tandis qu’en Arabie Saoudite (102 personnes), les condamnés sont généralement décapités en place publique puis, parfois, crucifiés. En Afrique subsaharienne, 2 exécutions ont été recensées, ajoutées à 362 condamnations à mort. Au Liberia, observe encore Amnesty, la peine de mort a été rétablie pour les crimes de vol qualifié, de terrorisme et de détournement d’avion.

Sur le continent américain, aux États-Unis, 37 prisonniers ont été exécutés, essentiellement au Texas. C’est aussi aux États-Unis que 4 hommes sont sortis du couloir de la mort après avoir été innocentés. Procédant à une exécution, le petit État de Saint-Kitts-et-Nevis s’est illustré en étant le premier pays des Caraïbes à appliquer la peine de mort depuis 2003.

De son côté, la vieille Europe est devenue presque « une région sans peine de mort, à l’exception de la Biélorussie, où la peine capitale est entourée du plus grand secret. Les condamnés sont exécutés d’une balle dans la tête » (4 personnes en 2008). La Biélorussie ajoute la manière : les proches ne sont pas officiellement informés de la date de l’exécution, ni du lieu où le corps est inhumé. Une barbarie ajoutée à une autre, que dénonce Amnesty : « Les décapitations, les électrocutions, les pendaisons, les injections létales, les pelotons d’exécution et les lapidations n’ont pas leur place au XXIe siècle » , déclare Irene Khan, secrétaire générale de l’association. Elles n’en restent pas moins courantes.

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