Une autre crise financière se prépare

Ignorée par le gouvernement et l’Élysée, la crise des subprimes s’est propagée à d’autres techniques financières utilisées par des fonds d’investissement, en particulier les LBO.

Thierry Brun  • 15 octobre 2009 abonné·es

Après la crise des subprimes américains (crédits à risque), celle de la dette des Leverage Buy Out  (LBO) se prépare. Cette technique financière dite à « effet de levier » consiste à racheter des entreprises à crédit en apportant peu de capital, et constitue la martingale préférée des fonds d’investissement, qui ont réalisé ces dernières années de gros profits avec des rendements défiant toute concurrence.

À la suite d’un rapport sur les LBO remis à François Fillon, le Conseil d’analyse économique du Premier ministre a estimé, en juillet 2008, « que ce type de financement est particulièrement adapté à l’économie française » , indiquant que « les études concluent le plus souvent à une amélioration significative des performances ­opérationnelles des entreprises » . Ce mode de financement pour le rachat d’entreprise est pourtant très risqué en période de crise car il génère un fort recours à l’endettement supporté par les entreprises, et donc par les banques. Ainsi, fin 2008, les banques ont accepté 60 milliards d’euros de prêts accordés à des opérations de LBO, dont 8,9 milliards d’euros pour la seule BNP Paribas et 5,4 milliards pour la Société générale, indiquent des experts [^2]. Qui estiment que près de 50 % seraient « en danger ». Soit une somme de près de 30 milliards d’euros de perte potentielle pour les banques… Bien plus que l’aide destinée au sauvetage des banques.
Preuve qu’un rebond de la crise n’est pas exclu, Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France et président de la Commission bancaire, a lui-même expliqué en juin que la crise des subprimes s’est propagée aux LBO. Et prévenu qu’une « grande vigilance doit rester de mise » , notamment parce que la crise « pourrait fragiliser les engagements bancaires » , en particulier les LBO. Ainsi, certaines entreprises rachetées en LBO ont été saisies par leurs créanciers. Et près de 30 % des LBO en France négocient une réduction de leurs créances devant les tribunaux de commerce.

[^2]: Lire : « Les difficultés des “LBO” pèsent sur les banques », le Monde du 27 juin, et « Avec l’éclatement de la bulle du crédit, le tiers des fonds d’investissement “LBO” pourrait disparaître », le Monde du 1er octobre.

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