Le pas de deux du PCF et du NPA

Alors qu’un accord n’a jamais été aussi proche entre les formations de l’autre gauche, le parti d’Olivier Besancenot présente une exigence inacceptable pour les communistes.

Michel Soudais  • 12 novembre 2009 abonné·es
Le pas de deux du PCF et du NPA

Le temps d’entrer en campagne est venu. Cette réflexion était, en début de semaine, sur toutes les lèvres des responsables politiques des organisations de la gauche de gauche, qui devaient se retrouver une nouvelle fois mardi soir, au siège du Parti de gauche (PG), pour voir s’ils peuvent partir ensemble aux élections régionales. Cet ultime rendez-vous était, pour Olivier Besancenot, la « réunion de la dernière chance » . Celle du « dénouement » , après un mois et demi de rencontres. Mais, à l’issue d’un week-end marqué, d’un côté, par les résultats encourageants des premières conférences régionales du PCF et, de l’autre, par le raidissement du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), qui tenait son conseil politique national, les chances de parvenir à un accord semblaient minces. Dimanche soir, le PCF, jugeant que les exigences du NPA équivalaient à « une fin de non-recevoir » , avait laissé planer le doute sur sa participation à cette réunion.

Huit des dix premières conférences régionales des délégués communistes, qui se réunissaient samedi soir, se sont prononcées pour l’autonomie d’un Front de gauche élargi au premier tour des régionales. « À plus de 70 ou 80 % » , les délégués d’Aquitaine, d’Auvergne, de Corse, de Franche-Comté et de Provence-Alpes-Côte-d’Azur ont « décidé de s’inscrire dans l’offre nationale » proposée fin octobre par le conseil national du PCF : des listes du Front de gauche (PCF, PG, Gauche unitaire) autonomes du PS au premier tour des régionales de mars, a déclaré Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF. En Haute-Normandie et en Basse-Normandie, l’autonomie l’a également emporté. Dans la région Pays-de-Loire, le rapport de force entre les partisans de listes du Front de gauche et les tenants d’une alliance de premier tour avec les socialistes est plus serré ; les premiers l’ont emporté avec 65 voix contre 57. Une « bonne surprise » , dont se sont félicités tous les responsables du PG, des Alternatifs, de la Fédération pour une alternative sociale et écologique (FASE) et de la GU, présents à nos Assises du changement.

Deux régions font exceptions. En ­Poitou-Charentes, région où Ségolène Royal (PS) brigue sa reconduction à la présidence, le PCF s’est positionné sur une liste avec le PS au premier tour par le vote de 54 délégués, contre 42 pour l’autonomie et 3 abstentions. Cette orientation n’a toutefois été défendue que par la fédération de Charente-Maritime, la plus importante, dont la délégation très monolithique constitue l’essentiel des votes favorables à une alliance avec le PS, les trois autres départements de la région (Charente, Vienne et Deux-Sèvres) souhaitant plutôt reconduire le pacte des européennes avec le Front de gauche. En Bretagne, enfin, les délégués ont affirmé leur volonté de travailler à « des listes de rassemblement avec l’ensemble des forces de gauche » , du PS au PG, en passant par les Verts et les autonomistes de l’UDB, tout en repoussant leur décision à début janvier.

Un délai supplémentaire qui pourrait bien conduire les militants à désavouer leurs dirigeants régionaux. Car, d’ici là, les régions auront fait leur choix. Et, de l’avis de tous les partenaires qui veulent des listes communes de l’autre gauche, ces premières conférences régionales – les douze dernières se prononceront samedi – sont de bon augure. Certes, elles ne sont qu’un « point d’étape » , et le choix de la stratégie finale reviendra aux militants communistes qui voteront du 19 au 21 novembre dans chaque région. Mais ces derniers sont plus enclins que leurs élus à se différencier du PS. C’est sans doute pour cette raison que le NPA, qui songeait à demander au PCF d’imposer la même stratégie à ses troupes dans toutes les régions, a renoncé à cette exigence.
Le parti d’Olivier Besancenot, tout en se montrant ouvert à des listes d’union de l’autre gauche au premier tour, n’avance pas moins des ­conditions telles que tout accord avec le PCF devient impossible. Son conseil politique national, réuni ce week-end à Clichy, s’est prononcé à 66 % pour un « accord national » sur des « listes indépendantes de celles présentées par le PS et Europe Écologie » le 14 mars – et non pas seulement « différentes » comme le stipule la proposition du Front de gauche présentée le 28 octobre – et des « fusions démocratiques » en vue du second tour le 21 mars. Mais le parti anticapitaliste a ajouté – c’est son principal sujet de discorde avec le PCF – que la participation aux exécutifs « ne sera pas possible dans le cadre d’exécutifs qui seraient dominés par le PS et/ou Europe Écologie, qui mènent des politiques d’adaptation au libéralisme ».

Au sein même du NPA, le retour de cette exigence, que ses négociateurs n’invoquaient plus dans les réunions unitaires, passe mal. « On présente des amendements dont on sait pertinemment qu’ils seront une fin de non-recevoir », déplore Leila Chaibi, du comité exécutif. Ce que n’a pas manqué de souligner le PCF, pour qui le NPA souhaite seulement de « bonnes oppositions de gauche » dans les régions et non de « bonnes majorités de gauche ».
Dans une ultime tentative de conciliation, les Alternatifs, la FASE et le Parti communiste des ouvriers de France devaient proposer mardi au Front de gauche comme au NPA un compromis : « La participation aux exécutifs devra être discutée, après débat dans chaque région, en fonction des résultats de la campagne, laissant aux différentes composantes une latitude de décisions sur leur degré d’implication. Des appréciations différentes sur cette question ne seraient pas de nature à remettre en cause la nécessité de construire nos listes de rassemblement au premier tour. » Une proposition qui, si elle était acceptée par le PCF, rendrait incompréhensible un refus du NPA de se présenter sur des listes ­communes.

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