Le PCF s’émancipe du PS

Dans 17 régions sur 22, les militants communistes ont très majoritairement approuvé l’autonomie du Front de gauche élargi. Toutefois, cet élargissement ne devrait pas aller jusqu’au NPA.

Michel Soudais  • 26 novembre 2009 abonné·es
Le PCF s’émancipe du PS

Bien peu auraient parié sur un tel résultat. Après un mois de débat, les militants communistes se sont prononcés dans 17 régions sur 22 pour des listes du Front de gauche, élargies aux formations de l’autre gauche qui en partagent les objectifs. Ce choix de présenter des listes différentes du PS et d’Europe Écologie au premier tour des élections régionales a été plébiscité, souvent à plus de 85 %. La participation à ce scrutin interne a été forte : 41 000 adhérents sur les 64 000 à jour de leur cotisation y ont participé ; ils étaient 14 000 de moins lors de la consultation sur les européennes.

Quatre régions au moins ont en revanche choisi de se ranger derrière le PS dès le premier tour. Il s’agit de la Bretagne (57 %), de la Champagne-Ardenne (69,3 %), de la Lorraine (64,3 %) et de la Basse-Normandie (52,4 %). Dans cette dernière, les militants du PCF ont désapprouvé le choix de la conférence régionale des délégués du 7 novembre. Une autre inversion, mais dans l’autre sens, s’est également produite en Poitou-Charentes, où les militants ont préféré le Front de gauche (58,3 %) à une liste avec Ségolène Royal. Seul le résultat en Bourgogne, où le rassemblement avec le PS est en tête de seulement 12 voix, n’était pas officialisé mardi matin.

À ces quelques exceptions près [^2], la reconduction du Front de gauche, créé pour les européennes par le PCF, le Parti de gauche (PG) et Gauche unitaire (GU), marque un tournant dans la stratégie du parti de Marie-George Buffet. En 2004, le PCF était parti avec les socialistes dans 14 régions. Le pari de l’autonomie au premier tour n’est pas sans risque pour ses 185 conseillers régionaux sortants, dont plusieurs vice-présidents de région. Aux européennes, les listes Front de gauche en Alsace, Champagne-Ardenne, Franche-Comté, Pays-de-Loire et Poitou-Charentes sont restées sous les 5 % fatidiques permettant une fusion au second tour. En Bourgogne et Rhône-Alpes, elles dépassaient tout juste ce plancher.

Les militants communistes ont fait «  le choix du courage et de l’ambition » , a estimé lundi Marie-George Buffet. Selon elle, ils ont voulu « donner à voir [aux] hommes et [aux] femmes qui sont en résistance face à la droite […] que la gauche existe, que des forces se battent pour dépasser les logiques libérales » . « Cela peut permettre de créer une dynamique » , assure-t-elle, en souhaitant un « maximum d’élus ». Ce n’est « pas un choix de changement d’alliance mais un choix d’ambition pour toute la gauche », précisait toutefois Pierre Laurent, numéro deux du PCF, qui présentait avec elle ces résultats. « Au deuxième tour, bien évidemment, nous travaillerons avec le PS et les autres forces de gauche pour des majorités de gauche » , soulignait Mme Buffet.

Cette perspective acceptée « sous conditions » par les formations de l’autre gauche, est refusée par le NPA, qui, dans le dernier numéro de son hebdomadaire, y voit un « oukaze du PCF »  : « La gestion des régions avec le PS est inacceptable pour le NPA » , y lit-on en première page. Les deux organisations ne se sont plus revues depuis la réunion unitaire du 10 novembre, qui s’est achevée sur ce constat de désaccord. Et les réunions unitaires en vue des régionales se poursuivent sans le parti d’Olivier Besancenot. Des groupes de travail ont été mis en place pour une entrée en campagne début janvier.

[^2]: Dans ces régions où des alliances PCF-PS ont été décidées, le PG étudie « la possibilité de faire des listes crédibles qui pourront peser », notamment avec la Fédération pour une alternative sociale et écologique ou les Alternatifs.

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