Les Japonais, pionniers des paniers

Au Japon, les Teikei et les Zen-Noh mettent en relation directe producteurs
et consommateurs depuis les années 1970.

Claude-Marie Vadrot  • 26 novembre 2009 abonné·es

Les Teikei, promus par l’Association japonaise pour l’agriculture biologique, sont des regroupements de producteurs et de consommateurs analogues aux Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (Amap). Ils sont apparus au Japon, comme les Zen-Noh , dès 1971. Ces derniers, pour leur part, lient les consommateurs et les paysans tout en réunissant des coopératives agricoles. Comme une partie de leurs activités, non limitées à l’alimentaire, se déroule par Internet, il est difficile d’en déterminer le nombre. Mais deux chiffres permettent d’évaluer leur importance : en 2008, les Zen-Noh ont commercialisé 40 % des 8,5 millions de tonnes de riz produit dans le pays et 31 % des fruits et légumes. Teikei et Zen-Noh ont inspiré les États-Unis et le Canada, qui ont créé les Community Supported Agriculture  (CSA) au début des années 1980. En France, les Amap sont nées en avril 2001 à Aubagne, à la suite d’une réunion d’Attac et de la Confédération paysanne, dont les participants ont été vigoureusement interpellés par un couple d’agriculteurs, Denise et Daniel Vuillon.

Le développement fulgurant des Amap en France est beaucoup plus motivé par des principes idéologiques et politiques qu’au Japon, en Amérique du Nord, et même en Allemagne et en Suisse. Pour les organisateurs de la réunion de la Drôme, les Amap seraient environ 1 200. En réalité dans un foisonnement incontrôlable, elles sont plus proches de 3 000 et ont largement dépassé le secteur des fruits et légumes. À Arcachon et à Saint-Rémy-de-Provence, par exemple, fonctionnent désormais des « Amap-poissons » qui réunissent un ou plusieurs pêcheurs. À Saint-Rémy, les consom’acteurs de l’Amap La Graniho viennent avec leur glacière et emportent, pour 35 euros, des loups, des dorades, des soles et des petits rougets fournis par un pêcheur du Grau-du-Roi.

Le développement désordonné des Amap, reposant encore souvent sur des bases légales incertaines, explique la nécessité ressentie (mais contestée notamment par le réseau Midi-Pyrénées) de mettre un peu d’ordre dans un mouvement qui révèle un besoin puisque la plupart des Amap affichent de longues listes d’attente, faute de producteurs et d’animateurs bénévoles.

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