Sans paillettes

Martine Prosper montre « l’envers du décor » du milieu de l’édition.

Christophe Kantcheff  • 12 novembre 2009 abonné·es

Tous ceux qui aspirent à entrer dans le monde « merveilleux » de l’édition tireront bénéfice à lire l’ouvrage de Martine Prosper. Son titre est sans ambiguïté : Édition, l’envers du décor. Et le tableau qu’il peint est évidemment dénué des illusions (liées au « prestige ») qui, trop souvent, collent à l’activité de publier des ­livres. C’est que son auteur la connaît de l’intérieur : Martine Prosper est éditrice aux éditions Flammarion. Elle est aussi responsable de la CFDT Livre-édition, la principale organisation syndicale du secteur. Ce qui, bien sûr, l’amène à s’intéresser plus particulièrement à la situation des différents acteurs de la chaîne du livre, et à en souligner, pour beaucoup d’entre eux, la précarité.

C’est, de toute évidence, ce qui constitue la grande originalité de son livre, car cet aspect est le plus souvent négligé, sinon ignoré, par la plupart des études qui se penchent sur le monde éditorial. Martine Prosper relève par exemple que, si l’édition emploie un « noyau dur » de 13 000 salariés, elle fait travailler au moins autant de collaborateurs extérieurs, « souvent très qualifiés, parfois surdiplômés » , constituant « un vivier de compétences formidable et corvéable à merci ». Elle raconte aussi le « parcours d’obstacles » que doit accomplir tout candidat à l’entrée dans l’édition. Et note comme le collectif et la revendication sociale sont des notions peu prisées et même méprisées dans ce milieu.

Mais Martine Prosper expose aussi avec clarté les évolutions économiques et financières, l’importance de la distribution, de la librairie et du droit d’auteur, et les enjeux du numérique. Un livre incontestablement utile.

Culture
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