Fillon très diplomate

Le Premier ministre a accepté toutes les reculades et tous les sacrifices pour rabibocher Paris et Pékin. Les principes démocratiques n’en sortent pas intacts.

Alain Lormon  • 24 décembre 2009 abonné·es

Quand il fait de la diplomatie, François Fillon est un diplomate à l’ancienne. Chacun chez soi, et les moutons seront bien gardés. On est loin du « droit d’ingérence » cher à son ministre Bernard Kouchner. Si celui-ci instrumentalise son concept surtout pour justifier l’adhésion de la France et de l’Union européenne à l’Otan et aux guerres américaines, le Premier ministre développerait, lui, plutôt une doctrine du type « occupez-vous de vos oignons ! ». Une telle théorie ne pouvait que plaire aux dirigeants chinois auxquels François Fillon a rendu visite en début de semaine. Le Tibet, le climat, tout cela n’était que « malentendus » si on en croit le Premier ministre, qui a employé le mot à plusieurs reprises. « La Chine est un immense pays qui doit régler ses problèmes par lui-même, et c’est folie que de penser que c’est de l’extérieur que l’on fera changer tel ou tel aspect de la vie en Chine » , a-t-il déclaré pour être tout à fait clair. Les Tibétains, réduits à un problème de politique intérieure chinoise, apprécieront. Le philosophe Liu Xiaobo, qui doit être jugé ces jours-ci pour « subversion », aussi. Mais, outre cette démonstration de diplomatie à géométrie variable, le voyage de François Fillon aura aussi retenu l’attention pour un lapsus. Il a annoncé, avant de se reprendre, la venue à Shangaï, pour l’inauguration de l’Exposition universelle, du « Premier ministre, Nicolas Sarkozy » . Une façon, évidemment inconsciente, de se venger d’avoir été dépêché pour une mission pas très reluisante.

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