Haïti : il est temps d’effacer la dette

La tragédie qui a frappé Haïti il y a deux semaines laisse un pays dévasté, où tout est à reconstruire. Mais la grande pauvreté de ce pays résulte d’abord d’une pression financière exercée par les pays riches. Voilà pourquoi il est nécessaire, aujourd’hui, d’abolir enfin une dette profondément injuste.

Thierry Brun  • 28 janvier 2010 abonné·es
Haïti : il est temps d’effacer la dette

Les dons affluent en Haïti pour faire face à l’urgence humanitaire. Dans le même temps, ce pays dévasté et insolvable doit 50 millions de dollars d’intérêts à ses créanciers, conséquence d’une dette évaluée à 1,2 milliard de dollars en 2009. Le lourd héritage de la dette pèse depuis longtemps sur ce pays considéré comme l’un des plus pauvres du monde. Son « annulation totale, immédiatement et sans condition » est demandée par les ONG réunies dans la plate-forme Dette et développement. En juin 2009, la même exigence avait été adressée aux principaux créanciers d’Haïti, qui s’étaient engagés à effacer l’ardoise. Elle est pourtant toujours d’actualité. Au point qu’il est nécessaire de rétablir un certain nombre de vérités, car, à écouter les pays riches qui détiennent la dette haïtienne, comme celle de la plupart des pays pauvres et en développement, celle-ci ne serait qu’un mauvais souvenir.

Ainsi, en France, Christine Lagarde, ministre de l’Économie, a annoncé récemment l’annulation de 58 millions d’euros de dette, et demandé au Club de Paris, groupe informel des principaux pays créanciers, d’accélérer les annulations. Or, cette généreuse déclaration n’annonce rien de nouveau : cette décision date en fait de juillet 2009. De son côté, la Banque mondiale n’annule pas le remboursement de 38 millions de dollars, mais ne fait que le suspendre pour cinq ans. Et le Fonds monétaire international a décidé d’octroyer une « aide » de 100 millions de dollars sous forme de… prêt, certes sans intérêts, mais qu’il faudra bien rembourser aussi.
Si l’on ajoute la Banque interaméricaine de développement, les institutions financières internationales détiennent à elles seules plus de 80 % de la créance haïtienne. Les ONG les soupçonnent de vouloir reprendre en main la destinée économique du pays pour lui imposer un modèle sur mesure, ce qui a déjà coûté cher aux Haïtiens dans le passé.
Alors que le pays se débat pour reprendre vie, il est plus que temps d’effacer enfin – et vraiment – la dette.

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