Jeux de l’amour et du savoir

Gilles Bouillon face à la gaîté rude et savante de Shakespeare.

Gilles Costaz  • 14 janvier 2010 abonné·es

Au Centre dramatique de Tours, Gilles Bouillon vient de monter Peines d’amour perdues, dans l’excellente traduction de Jean-Michel Déprats. C’est une fantaisie d’une brillante géométrie. Quatre jeunes princes s’isolent à la campagne pour méditer et proclament qu’ils ­mettent hors jeu les questions de l’amour. Viennent à passer quatre princesses, et tous les renoncements fondent comme neige au soleil. Chaque prince mène sa stratégie de séduction en espérant ne pas être vu de ses camarades. Mais ce sont les femmes qui tiennent les rênes de cette course emballée jusqu’à ce que l’amour l’emporte sur l’austérité et la vie sur la théorie.

Ce spectacle arrive en région parisienne, à Châtillon. Il est mis en scène avec une fort belle rigueur joyeuse par Gilles Bouillon et joué majoritairement par les jeunes comédiens issus de l’école et du dispositif Jeune Théâtre en région Centre, mis en place par ce même Bouillon. Ces acteurs, Catherine Benhamou, Gaëtan Guérin, Alice Benoît, Xavier Guittet, pour ne citer qu’eux, ­donnent une forte intensité physique à des répliques et à des jeux qui ­relèvent d’un complexe code courtois et poétique. Cet enchantement bousculé par le rudoiement de relations violentes se déroule dans un splendide décor de Nathalie Holt, qui médite plastiquement sur l’enjeu de l’œuvre : le combat entre la bibliothèque et l’empire des sens.

Culture
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