Les Jeudi Noir condamnés
Le tribunal d’instance du Ve arrondissement de Paris a ordonné lundi l’expulsion de la trentaine de militants de Jeudi Noir qui occupent depuis deux mois et demi un hôtel particulier de 1000 m² de la très chic place des Vosges, à Paris. « Nous allons interjeter appel et demander la suspension de l’exécution » de ce jugement, « fondé sur un mensonge puisque la propriétaire n’a jamais habité les lieux », a réagi l’avocat de Jeudi Noir, Me Pascal Winter.
Le tribunal, qui statuait en référé, a ordonné « l’expulsion (…) au besoin avec l’aide de la force publique faute de départ volontaire à compter du 8e jour du prononcé de la présente ordonnance », soit à compter de lundi prochain. Il ordonne également aux squatteurs de payer à la propriétaire, Béatrice Cottin,« la somme de 3 400 euros mensuels à titre d’indemnité d’occupation ». S’ils n’ont toujours pas quitté les lieux d’ici là, les militants de Jeudi Noir devront payer par la suite 25 000 euros par mois.
« C’est un jugement très dur » qui « impose aux étudiants de partir sans délai et en plein hiver », a déclaré à l’AFP Julien Bayou, un porte-parole du collectif Jeudi Noir, tout en se félicitant que la justice « n’ait pas retenu le préjudice ». A l’audience, le 6 janvier, les avocats de Mme Cottin avaient réclamé l’expulsion des militants de Jeudi Noir, ainsi que le versement d’environ 140 000 euros d’indemnités.
Me Winter a de son côté relevé que le tribunal avait décidé que le jugement devait être « notifié au préfet, pour qu’il prenne en compte le relogement des occupants ». « Le tribunal reconnaît qu’il y a un problème, mais il dit débrouillez-vous », a ajouté l’avocat, en qualifiant sa décision de « frileuse et ambiguë ».
L’ immeuble construit au XVIIe siècle, classé monument historique et situé dans le quartier du Marais, a été acheté en 1963 par Mme Cottin, aujourd’hui âgée de 87 ans et représentée légalement par une tutrice. Elle vit depuis plus de deux ans dans une maison de retraite.