Sismographe

La photographie de « Life » se confond avec l’histoire contemporaine.

Jean-Claude Renard  • 21 janvier 2010 abonné·es

D’une image à l’autre, les tribulations du journal sont celles d’une actualité politique, sociale et humaine. Sismographe et miroir du temps depuis 1936. S’il n’y a pas de « vieilles nouvelles », les « vieilles photos » peuvent encore ­sur­prendre. Et maintenir l’attention. Tel est le cas pour celle d’Alfred ­Eisenstaedt, doyen des photographes de Life , saisissant en 1933 Joseph Goebbels, ministre de la propagande nazie, confronté alors à l’objectif, mal à l’aise, confondu dans son arrogance du pouvoir. Elle donne le ton d’un ouvrage exceptionnel qui rend compte du mode d’emploi de la maison : « Voir la vie, voir le monde, témoigner de grands événements. » Non sans risque alors, quand la guerre a la (triste) part belle de la semaine.
Ainsi David Douglas Duncan, photographiant un caporal pris pour cible, enjambant un corps sur un chemin de Corée, ou Larry Burrows, montrant l’équipage d’un hélicoptère réagissant à la mort d’un lieutenant au Vietnam, ou Margaret Bourke-White, témoin des bombardements allemands de Moscou en 1941. S’y mêlent Robert Capa, Paul Schutzer, sur les terrains minés, voire David Scherman couvrant les premiers soldats afro-américains envoyés en Angleterre en 1942, mais encore Mohamed Ali, Marilyn Monroe, Ingrid Bergman… Hebdomadaire (1936 à 1972), Life a grandi dans les belles années de la radio, comblant alors le vide pour illustrer les voix. Près d’une centaine de photographies sont rassemblées ici, composant la rédaction du canard (jusqu’en 2001). Soit plus d’un demi-siècle d’histoire.

Culture
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