La palette du photographe

Une rétrospective de l’œuvre d’Izis révèle un artiste éclectique.

Jean-Claude Renard  • 11 février 2010 abonné·es

Son curriculum dit l’histoire. Izraëlis Bidermanas naît à Marijampole, en Lituanie, en 1911. Sept ans plus tard, le pays accède à l’indépendance, puis sera annexé par l’Union soviétique. Apprenti photographe, il débarque à Paris en 1930. Ses parents sont assassinés par les nazis quand il rejoint les FFI et tire le portrait des maquisards dans le Limousin. Pour l’occasion, il contracte son nom et signe Izis. Après guerre, il croque Aragon et Breton, travaille pour Paris-Match, multiplie les reportages. Il est aussi le seul photographe toléré par Chagall à l’opéra de Paris, et un croqueur insatiable de surfaces parisiennes.

L’Hôtel de ville de Paris lui consacre une importante rétrospective, avec plus de 250 images. Une matière dense qui rend compte du parcours et des sensibilités d’un artiste de l’objectif, reporter, portraitiste, flâneur. S’il est rangé au rayon des humanistes, au chapitre du « réalisme poétique », l’exposition a le mérite de proposer toute la palette du photographe. Éclectique. L’âpreté des visages de résistants, un Paris éternel, les charmes de Londres, Israël comme rêve de terre promise, la poétique du cirque, le monde de Chagall. Du studio à la rue, de quoi livrer un photographe qui enveloppe, materne son sujet, invite à la méditation, s’interroge sur la condition humaine. Mine de rien.

Culture
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