Bien utiliser les antibiotiques

Ingrid Merckx  • 27 mai 2010 abonné·es

Que faire ?

Grande découverte du XXe siècle, les antibiotiques soignent et sauvent, notamment de maladies telles que méningite et pneumonie. Mais ils ne sont pas efficaces contre toutes les infections. Ils n’agissent pas sur les virus, à l’origine de la plupart des rhino-pharyngites, angines et bronchites, mais sur la cause d’une infection d’origine bactérienne. Ils n’ont pas d’influence directe sur les symptômes comme la fièvre et n’évitent pas la contagion quand la maladie est d’origine virale. Les infections virales guérissent d’elles-mêmes, les antibiotiques ne tuent que les bactéries, et encore, des bactéries bien précises selon la catégorie. Il faut les prendre uniquement quand c’est utile. Virus ou bactérie ? C’est le médecin qui détermine. Les antibiotiques ne sont efficaces que si le nombre de prises et la durée du traitement sont respectés.

Pourquoi ?

« Les antibiotiques, ce n’est pas automatique ! » , clame une campagne lancée par l’Assurance-maladie en 2001. La France était le plus gros consommateur d’antibiotiques d’Europe et possédait un des taux les plus élevés de résistances aux bactéries. Le but était de réduire la consommation non parce que les antibiotiques sont mauvais, mais pour préserver leur efficacité. « Plus on utilise un antibiotique et plus on fait de la place aux germes résistants à cet antibiotique » , résume Jean-Luc Véret, médecin de santé publique et président de la commission santé des Verts. Du coup, certaines maladies deviennent difficiles à guérir et pourraient ne plus être soignées. La campagne ciblait surtout les infections respiratoires chez les jeunes enfants et les établissements de santé. Bilan : entre 2001 et 2007, la consommation hivernale a baissé de 26,5 %, selon une étude dirigée par Didier Guillemot à l’institut Pasteur (Inserm), pour qui les résistances bactériennes sont « un des phénomènes infectieux émergents majeurs » . En parallèle, la proportion de certains germes résistants a chuté. Un second plan a été lancé de 2007 à 2010. « Pour une fois, l’intérêt de la Sécurité sociale soucieuse d’économies et les exigences de santé publique convergent » , note Jean-Luc Véret. Les règles de bonne utilisation des antibiotiques supposent en effet de n’en utiliser de nouveaux que lorsque les anciens n’agissent plus. Ce qui n’est pas la logique de l’industrie pharmaceutique, laquelle finance, par ailleurs, 80 % des études sur les traitements et pèse sur les médecins via les visiteurs médicaux. D’où la nécessité de remplacer l’information publicitaire sur les médicaments par de l’information scientifique.

Comment ?

­­­Pour s’informer :
Prescrire , revue indépendante d’information médicale

• Le dossier Internet du ministère de la santé

• Le site des campagnes de la CNAMTS

• La page antibiothérapie de l’Afssaps

Le geste utile
Temps de lecture : 2 minutes