En ordre dispersé

Martin Clavey  • 27 mai 2010 abonné·es

La gauche et les syndicats ont depuis quelques jours du grain à moudre. Éric Woerth, ministre du Travail, et quelques-uns de ses collègues ont confirmé la fin « progressive » de la retraite à 60 ans et l’augmentation de la durée de cotisation nécessaire pour une retraite à taux plein. Les propositions du gouvernement s’inscrivent dans un contexte de gel des dépenses publiques et dans le cadre d’un plan d’austérité qui ne dit pas son nom. Pas question d’envisager « une hausse généralisée des cotisations sociales » , ont invariablement affirmé la droite et Nicolas Sarkozy, ce qui revient à faire peser sur les salariés le financement de l’actuel système par répartition.

Le sort du système de retraite paraît donc scellé, et les syndicats comptent sur les manifestations intersyndicales (CGT, CFDT, FSU, Solidaires, CFTC et Unsa) du 27 mai pour « interpeller les pouvoirs publics, tous les employeurs et peser sur les choix à venir » . Mais en ordre dispersé : les syndicats sont résolument hostiles à la remise en cause de la retraite à 60 ans, à l’exception de la CFE-CGC. La CGT se plaint d’avoir « été écoutée mais pas entendue ». FO s’étonne qu’on ne puisse « pas augmenter les cotisations ou ne pas faire un prélèvement de type CSG » . Pour Solidaires, les réformes sont « dans la lignée des contre-réformes antérieures ». La CFDT regrette, elle, que l’augmentation de la durée d’activité soit la « seule réponse » et salue la mise en place d’une « contribution supplémentaire de solidarité sur les hauts revenus et les revenus du capital ».

Hostile aux mesures gouvernementales, FO a décidé de jouer seule sa partition et décliné l’invitation de l’intersyndicale de manifester le 27 mai, préférant un appel à une grève interprofessionnelle et à une manifestation le 15 juin. Quant à la CFDT, elle ménage le gouvernement dans ses déclarations, jugeant « insuffisantes » les pistes avancées et demandant des contreparties, comme la prise en compte de la pénibilité du travail. De son côté, le Parti socialiste, qui a instauré la retraite à 60 ans en 1983, apparaît aussi divisé. Dominique Strauss-Kahn a pris ses distances avec les propositions du PS, refusant le « dogme » des 60 ans. Les socialistes ont cependant chiffré le besoin de financement du régime des retraites à 1,7 point de PIB (entre 2010 et 2025), et proposent plusieurs pistes de financement, notamment une hausse des cotisations patronales et salariales.
PCF et Parti de gauche ont aussi présenté leurs analyses. La fondation Copernic et Attac ont révélé les contrevérités gouvernementales et estiment que les déficits des caisses de retraite sont essentiellement dus au refus de couvrir les besoins sociaux par un accroissement des prélèvements sur la richesse produite. Comme les quatre syndicalistes interrogés par Politis.

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