L’adieu à un grand moderne

Alain Ollivier avait la passion des textes et des combats.

Gilles Costaz  • 27 mai 2010 abonné·es

Un grand homme de théâtre vient de nous quitter. Alain Ollivier, fauché par la maladie à 72 ans, ne réalisera pas la mise en scène de l’Otage de Claudel qu’il préparait. Son très beau Cid , joué par Thibaut Corrion, aura été son dernier spectacle. C’était un champion du ­théâtre moderne, que ce soit pendant sa longue période errante en compagnie d’Antoine Vitez, de Roger Planchon et de bien d’autres, ou à la tête des deux salles qu’il a dirigées successivement, le Studio-Théâtre de Vitry et le Théâtre ­Gérard-Philipe de Saint-Denis. Il avait été notamment l’ami de Kateb Yacine, dont il avait créé la Poudre d’intelligence , et de Pierre Guyotat, dont il avait monté Bivouac.
Sa passion mêlée des grandes écritures et des grands combats politiques (dont celui de la décolonisation) l’avait conduit à s’intéresser à ces auteurs et aussi à Jean Genet, dont il porta à la scène, de façon mémorable, les Bonnes et les Nègres. D’une grande culture française qui lui permettait d’aller loin dans l’exploration des œuvres de Claudel, il se passionnait pour d’autres répertoires : Nelson Rodrigues, Thomas Bernhard…

Méticuleux, rigoureux, cherchant la netteté jusque dans le fantomatique, il disait qu’il « piétinait la scène » pour exprimer le travail de quête de sens et de vie qu’il effectuait avec ses acteurs. Il avait été aussi comédien dans bien des spectacles et des films. Son ultime rôle fut celui de Gorbatchev dans les Dernières Heures du mur de Jean-François Delassus, diffusé sur France 3 en novembre 2009 : une manière de plus d’être dans l’histoire et le présent par le biais de la métaphore.

Culture
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