Retraites : L’heure de l’offensive

Le 27 mai, une intersyndicale appelle à une manifestation contre le plan de réforme des retraites. Le PS a présenté un contre-projet prenant quelques distances vis-à-vis des choix du gouvernement. Face à ces timides aménagements, quatre spécialistes formulent ici de vraies propositions alternatives.

Thierry Brun  • 27 mai 2010
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Retraites : L’heure de l’offensive
© PHOTO : MEDINA/AFP

Le temps n’est plus aux « concertations » autour de la réforme des retraites. Les « projets de société » sont connus. Du gouvernement à la gauche de la gauche en passant par les syndicats, chacun a produit ses arguments techniques, affûté ses vérités, souvent partiales ou partielles. En témoignent le document d’orientation du gouvernement pour une « réforme juste » et celui du Parti socialiste, revendiquant « un système universel et personnalisé » , donc mi-chèvre mi-chou.

La bataille de chiffres ne doit pas occulter les véritables enjeux de la réforme. Disons-le franchement, si une mobilisation citoyenne d’ampleur ne se profile pas dans la foulée de celle du 27 mai, comme le voudraient certains syndicats et une gauche en ordre dispersé, le Président et son gouvernement auront un boulevard pour mettre à bas le modèle de cohésion sociale et de répartition des richesses dont font partie les retraites.
Nicolas Sarkozy et François Fillon ont déjà arrêté les grandes lignes de la réforme, et l’ont confirmé aux syndicats : le verrou de l’âge légal de la retraite sautera et sera porté au-delà de 60 ans. Cette mesure sera combinée avec un allongement de la durée de cotisation, comme le souhaite le Medef. Autrement dit, il sera quasi impossible pour la grande majorité des salariés de toucher des pensions décentes dans les décennies à venir.

Les « futurologues » du gouvernement ont ainsi tracé de façon péremptoire les contours de ce que sera notre société dans quarante ans, alors que les scientifiques qui se penchent sur la crise écologique, par exemple, émettent des hypothèses au lieu d’affirmations tranchées. Au nom de la crise d’aujourd’hui, la fin de la Sécurité sociale est programmée pour demain, sur la seule foi d’un dogme libéral et avec des prévisions d’experts autoproclamés. Se dessine une civilisation de travailleurs pauvres avec un « pauvre système » de retraite pour les prochaines décennies. Voudrait-on renouer avec le XIXe siècle qu’on ne s’y prendrait pas autrement. On nous promet ainsi une société individualiste, paupérisée par un capitalisme financier sans contrôle, brassant pour son seul profit les milliards d’une protection sociale démantelée. Triste perspective.

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