SOS, livres en danger

Un marchand de biens menace l’activité de la librairie franco-arabe Ishtar. Un appel à dons est lancé.

Blandine Le Cain  • 17 juin 2010 abonné·es

La devanture bleue du Ve arrondissement parisien risque de se vider des ouvrages colorés qu’elle expose. Fondée en 2006, la librairie franco-arabe Ishtar s’était donné pour objectif de mieux faire connaître les cultures arabes et les enjeux politiques, culturels et sociaux qui y sont liés. Par des lectures, des conférences, des tables rondes, elle s’était affirmée comme un espace d’échange indépendant. Hélas, son avenir est compromis. Début 2008, un marchand de biens rachète les murs et impose à la librairie de ­cesser toute activité d’animation. Pour ­Fouzia Lamrani, bénévole de l’association née de la librairie, « c’était un prétexte pour nous expulser sans indemnités » . Privée de ce qui ­faisait la majorité de sa fréquentation, ­Ishtar accuse une chute brutale de son ­chiffre d’affaires.

En mai dernier, le tribunal déboute le propriétaire de sa procédure d’expulsion mais refuse d’imposer la signature d’un nouveau bail. « S’il n’est pas reconduit, prévient Fouzia Lamrani, les paiements dus au propriétaire vont s’accumuler et lui donner un nouveau motif d’expulsion. » Avec un nouveau bail, l’activité pourrait être relancée ou le fonds de commerce revendu, pour rembourser le prêt engagé. Conserver ce lieu d’échange ne peut donc se faire qu’avec un soutien massif. Première urgence : récolter des fonds avant fin juin pour rembourser les frais d’avocat et de procédure. Mais les dons seuls ne suffiront pas : « Il faut trouver deux ou trois partenaires sérieux qui remettent un peu de capital. On veut garder notre indépendance. »

L’association appelle ainsi ceux qui le souhaitent à rejoindre le comité de réflexion créé pour relancer le projet Ishtar. « C’est important pour tout le monde » , conclut Fouzia Lamrani. « Ce qui est en jeu, c’est la défense de la liberté d’expression autant que celle d’un lieu indépendant. »

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