Débats studieux

Les quartiers populaires étaient au cœur de l’université d’été des Alternatifs, à Saint-Denis.

Michel Soudais  • 15 juillet 2010 abonné·es

Les Alternatifs se distinguent. Et doublement. Comme l’an dernier, c’est au début des vacances scolaires que ce mouvement tenait son université d’été, du 9 au 12 juillet. Après Dunkerque en 2009, c’est à la Bourse du travail de Saint-Denis, qui n’a rien d’une villégiature estivale, qu’ils ont choisi de tenir leurs débats. Il est vrai que ceux-ci portaient exclusivement sur la situation faite aux quartiers populaires, tant en matière de racisme, de discriminations, d’exclusions qu’en application d’un héritage colonial qui perdure. « On pouvait difficilement aller à Biarritz pour parler de ça » , justifiait avec humour Jean-Jacques Boislaroussie, l’un des deux porte-parole.

Cette localisation a permis à des membres d’associations amies d’échanger avec les quelque 160 adhérents et sympathisants qui participaient aux travaux. Et d’enrichir les débats qui, en ateliers ou en séances plénières, portaient sur des facettes très diverses : formes de racisme dominantes aujourd’hui en France, enjeux éducatifs dans les quartiers et milieux populaires, héritage post-colonial, oppressions de genre, de classe, d’origine, luttes des sans-papiers, luttes émancipatrices des femmes, la colonisation dans les manuels scolaires, le droit de vote des étrangers non-communautaires, la guerre contre les cités populaires, violences policières et classes dangereuses, langues et cultures minorisées, entre autres…
Pour les organisateurs, il s’agissait moins de commenter que de prendre enfin pleinement en compte des enjeux encore trop « périphériques » pour les organisations de la gauche de gauche. Alors que cette prise en compte et l’élaboration de solutions est, pour les Alternatifs, une condition du développement de la gauche de transformation sociale et écologique. Non pas seulement du fait que ces quartiers sont ceux qui se sont le plus abstenus lors des dernières élections – on y a enregistré des taux de 80 % d’abstention –, mais parce que le « nouveau prolétariat » qui s’y concentre est victime d’une double oppression, sociale et raciste, voire triple pour une personne sur deux.

Un débat entre tous les courants et organisations de la gauche de transformation sociale et écologique, dimanche, a de nouveau mis en évidence le fossé qui subsiste entre ces organisations et les représentants du Forum social des quartiers populaires, récemment créé. L’unité populaire que les Alternatifs veulent construire contre toutes les dominations et discriminations a encore du chemin à faire. Du moins y ont-ils contribué en y consacrant trois journées pleines.

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