Jours tranquilles à Colombes

L’interruption du trafic aérien pour cause de nuage de cendres a fait des heureux : les banlieusards qui habitent à proximité des aéroports. Enfin le chant des oiseaux et le crépitement des brochettes !

Michel Soudais  • 22 juillet 2010 abonné·es

Dimanche 18 avril, le nuage de ­cendres craché par le volcan Eyjafjöll, qui cloue au sol les avions et laisse sur le carreau des millions de voyageurs, fait aussi des heureux. Comme des milliers de banlieusards, nous profitons d’un week-end ensoleillé et surtout… silencieux. Il fait enfin chaud et, dans tous les jardins alentour, les barbecues sont les seuls à cracher leurs fumées vers un ciel d’un bleu immaculé, sans aucune traînée blanche.

C’est d’une oreille distraite que nous avions appris, trois jours plus tôt, la fermeture des aéroports parisiens. Sans réaliser combien l’absence d’avion allait reposer nos oreilles, cinq jours durant. Et c’est maintenant un sujet de conversation. Attablés dehors ou nonchalamment assis dans une chaise longue, on relève qu’aucun vrombissement au-dessus de nos têtes ne vient troubler les discussions ni recouvrir le gazouillis des oiseaux très bavards en ce début de printemps…

Pourtant, Colombes n’est pas situé à proximité immédiate d’un aéroport. Les quelque 70 000 aéronefs qui survolent la ville chaque année le font en phase d’atterrissage, ce qui est une moindre gêne. N’empêche, le ballet incessant des jets privés de l’aéroport d’affaires du Bourget et des longs courriers qui se dirigent vers Roissy génère de telles nuisances sonores qu’aux beaux jours beaucoup d’habitants préfèrent garder leurs fenêtres fermées. La législation impose bien quelques limites : 610 m d’altitude de jour et 900 m de nuit. Mais les pilotes ne respectent pas toujours ces paliers de vol. En novembre 2008, l’acteur John Travolta, aux commandes de son Boeing 707, un quadriréacteur de conception ancienne et particulièrement bruyant, a survolé la ville en pleine nuit, et à une altitude inadéquate, réveillant nombre d’habitants.

Alors ce volcan est une aubaine. Et tandis que télés et radios s’inquiètent du sort de quelques milliers de voyageurs bloqués, c’est à peine si elles parlent du 1,5 million de Franciliens qui, comme nous, jouissent du silence retrouvé. Les gens heureux n’ont pas d’histoire.

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Voyager sans avion
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