La porte à côté

Politis  • 22 juillet 2010 abonné·es

Il n’est jamais inutile de solliciter l’origine des mots. « Voyager », c’est « se mettre en chemin », emprunter la voie. Mais celui-ci est si simple, si évident,
si concret qu’il appelle immédiatement des dérivés. Au sens propre, lorsqu’apparaît le mot, on ne voyage guère que pour un pèlerinage,
une croisade ou une expédition militaire.

Si bien que l’on éprouve aussitôt le besoin de filer la métaphore. Le « grand voyage » est le plus immobile de tous, c’est le trépas. Quant au « voyage de la vie », il se réfère au temps plus qu’à l’espace. Peu de mots
peut-être, plus que celui-là, nous autorisent aux extensions et au paradoxe. C’est un mot joueur. Jouons donc. Après le voyage imaginaire, le « là-bas » de Baudelaire où « tout est luxe calme et volupté », après le livre et le rêve, voici la promenade près de chez soi quand l’esprit décide
de regarder ce qu’il côtoie tous les jours mais ne voit jamais.

Publié dans le dossier
Voyager sans avion
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