Le droit pour eux

Des milliers de personnes éligibles à
la loi Dalo attendent toujours une offre de relogement.

Blandine Le Cain  • 1 juillet 2010 abonné·es

Elles attendent toujours, dans une chambre d’hôtel ou un studio délabré. Depuis décembre 2008, ce sont 4 361 familles expulsées de leur logement qui ont déposé un recours à l’encontre de l’État pour l’obliger à les reloger. Entrée en vigueur en 2008, la loi sur le Droit au logement opposable (Dalo) stipule que « toute personne qui, satisfaisant aux conditions réglementaires d’accès à un logement locatif social, n’a reçu aucune proposition adaptée en réponse à sa demande de logement » peut faire valoir son droit au logement. Problème majeur : l’obligation légale pour l’État de les reloger n’est pas suivie d’actes.

Depuis 2009, le Collectif des oubliés du Dalo se mobilise pour ces familles. De campement en manifestation, il milite pour l’arrêt des expulsions sans relogement et l’application de la loi de réquisition permettant à l’État de saisir les logements vacants. Dernière mobilisation en date, un campement devant un immeuble vide depuis vingt-six ans, à Paris. Le propriétaire les attaque en justice : cette occupation gênerait la vente des lieux. « Il prétend qu’il veut vendre pour échapper aux projecteurs, mais il n’a pas de réelle volonté de mettre en vente » , conteste Jean-Baptiste Eyraud, président de l’association Droit au logement, qui déplore que rien ne se passe malgré les nombreuses dénonciations.

Le collectif ne baisse pas les bras. Sa priorité, le relogement des demandeurs Dalo, c’est-à-dire l’application stricte de la loi. En mars dernier, pour la seule région parisienne, seules 1 057 familles étaient relogées sur 13 367 avis favorables. Des disproportions inacceptables pour les ­membres du collectif : « L’État doit ­mettre en œuvre des moyens, notamment en région parisienne », alors que les attributions de HLM, les parcs locatifs privés ou les réquisitions sont des outils existants qu’il refuse d’utiliser. Le collectif appelle donc tous les demandeurs Dalo à le rejoindre pour continuer la mobilisation cet été. Une période toujours propice aux expulsions des familles avec enfants.

Temps de lecture : 2 minutes