Le président du Président

Rattrapé par les scandales et les suspicions,
Nicolas Sarkozy a finalement nommé
Rémy Pflimlin patron
de France Télévisions.

Jean-Claude Renard  • 8 juillet 2010 abonné·es

Selon la réforme de l’audiovisuel public imposée par Nicolas Sarkozy en janvier 2008 et votée en mars 2009, le nouveau président de France Télévisions a donc été nommé par l’Élysée. Le fait du prince, comme on dit. L’État est actionnaire, l’État décide. Et Nicolas Sarkozy est l’État. Surtout, c’est « un enfant de la télé », qui aime beaucoup le petit écran (et qui trop embrasse… air connu). La fin du mandat de Patrick de Carolis est programmée pour le 24 août. Installé par Jacques Chirac, proche de Bernadette, il a eu beau défendre son bilan, postuler à sa propre succession, il n’a pas été reconduit.

Depuis le début de cette année, beaucoup de noms ont circulé. Et en premier lieu, tenant la corde jusqu’au mois dernier, Alexandre Bompard. C’est un ami de Nicolas Sarkozy, proche de l’UMP, patron d’Europe 1, propriété d’Arnaud Lagardère. Il n’a aucune expérience de télévision mais, outre les faveurs de l’Élysée, il pouvait compter sur le Premier ­ministre et Alain Minc. C’est finalement l’actuel patron de Presstalis (anciennement NMPP), qui a été choisi. Rémy Pflimlin était auparavant à la tête des Dernières Nouvelles d’Alsace et, surtout, fut directeur général de France 3 de 1999 à 2006. Politiquement sans réelle position, il avait d’abord été pressenti pour succéder en fin d’année à Jérôme Clément, président d’Arte. Sa candidature était soutenue par Claude Guéant.

Et dans ce match Minc contre Guéant, le premier a perdu. Surtout, Nicolas Sarkozy a reculé. Les revers accumulés ces dernières semaines ont eu raison de sa décision. Une nouvelle baisse dans les sondages, l’affaire Woerth, une tentative d’intervenir dans la reprise du Monde (orchestrée par Alain Minc) et plus encore une éviction des humoristes de France Inter qui passe très mal du côté de la ­Maison ronde et des auditeurs. Une éviction qui relève de Philippe Val, proche de Carla Bruni-Sarkozy, et de Jean-Luc Hees, lui-même nommé par Nicolas Sarkozy. La coupe était pleine.
Et la nomination d’Alexandre Bompard aurait été plus mal perçue encore, l’objet d’une nouvelle polémique (son éviction est aussi un nouveau revers pour Alain Minc). À la suite de cette nomination, le CSA aura l’immense responsabilité de ­rendre « un avis conforme », suivi par les commissions des affaires ­culturelles de l’Assemblée nationale et du Sénat. L’ensemble devrait être bouclé avant le chassé-croisé des juillettistes et des aoûtiens. À deux ans de la présidentielle.

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