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Politis  • 22 juillet 2010 abonné·es

L’Identité nationale, une énigme,
Marcel Detienne, Gallimard, « Folio Histoire », 192 p., 6,60 euros.

Le débat sur l’identité nationale en France, lancé en novembre 2009, a fait couler beaucoup d’encres. Mais sa définition reste floue. Comment se représenter l’identité nationale à travers la planète, alors même que la mondialisation rend les nations de plus en plus interdépendantes ? Marcel Detienne se plonge dans cette énigme en mêlant histoire et anthropologie. Il met en lumière la complexité des termes pourtant familiers d’identité et de nation. Pour cela, il passe du passé au présent, du mythe à la réalité, et traverse les continents. Son travail retrace la notion d’identité tant personnelle que collective, qui trouve ses sources dans des croyances, des rites religieux ou des valeurs morales et éthiques. L’énigme de l’identité nationale ne demande qu’à être résolue.

L’Identité en jeux. Pouvoirs, identifications, mobilisations,
sous la direction de Denis-Constant Martin, éd. Karthala, 464 p., 29 euros.

Qu’est-ce qu’une identité politique ? C’est la question sur laquelle s’est penché le groupe de recherche « Identités, pouvoirs et identifications », qui réunit des chercheurs de plusieurs laboratoires. Sous la direction de Denis-Constant Martin, anthropologue – mais aussi critique musical à Politis  –, le résultat de ce travail collectif de plus de trois ans vient proposer un salutaire déplacement du regard sur un thème récemment instrumentalisé lors du récent « débat » sur « l’identité nationale ». Sous l’égide de Michel Foucault et de sa « microphysique » des identifications politiques, les auteurs ont analysé les multiples pratiques qui sous-tendent la production et surtout l’entretien des « identités ». Et soulignent comment la notion d’appartenance se construit généralement au détour de mises en récit orchestrées par des intelligentsias à des fins d’utilisation politique. Une somme aussi érudite que passionnante.

L’Amérique pauvre,
Romain Huret, Éd. Thierry Magnier, « Troisième Culture », 128 p., 9,80 euros.

Comment étudier le paradoxe de la pauvreté dans le pays le plus riche du monde ? Comment interpréter un tel phénomène dans une société pérenne où la consommation de masse est censée assurer prospérité et richesse ? Romain Huret, historien spécialiste des États-Unis, s’est penché sur la vision des pauvres dans la société américaine. Il montre que malgré de nombreuses études psychologiques, sociologiques et économiques, les politiques de lutte contre la pauvreté sont insuffisantes et sujettes à la controverse. Y aurait-il de « bons pauvres » et de « mauvais pauvres » ? Comment les distinguer ? L’auteur, à partir de la représentation tant culturelle que médiatique de cette classe sociale durant les cinquante dernières années, constate : l’Amérique pauvre est un problème dont le pays vient tout juste de prendre conscience…

Idées
Temps de lecture : 3 minutes