La pénibilité ? Une vaste arnaque !

Dans sa réforme, Éric Woerth annonce un dispositif « pénibilité » permettant à certains travailleurs de partir à 60 ans. Or, soulignent syndicats et spécialistes, de nombreux risques et pathologies ne sont pas pris en compte. Ce marché de dupes aggravera la précarité et aura des effets dévastateurs sur la santé générale du pays.

Thierry Brun  • 2 septembre 2010
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La pénibilité ? Une vaste arnaque !
© PHOTO : HUGUEN/AFP

Le projet de réforme des retraites d’Éric Woerth promeut un droit dont les conditions sont résumées ainsi : « Les salariés doivent être physiquement usés au moment de leur départ en retraite. » Pour partir à 60 ans, point d’autre solution n’est envisagée qu’une telle perspective, plutôt sinistre. La formulation, pour le moins cynique, repose sur le constat médical individualisé prôné dans les recommandations du Medef. Les hommes s’usent comme des machines, peu importe que les conditions de travail soient pénibles, que les risques soient aussi psychosociaux (stress, fatigue mentale, suicides, etc.). Voilà tracé à grands traits un choix de société.

La journée de mobilisations du 7 septembre sera donc l’occasion de mettre le gouvernement face à ces orientations massivement rejetées. Car, dans son projet, Éric Woerth ne peut se contenter d’affirmer que, si l’on veut une meilleure retraite, il suffit de faire le choix de poursuivre son activité jusqu’à 67 ans, sans tenir compte des conditions de travail. Avec le report de l’âge de départ à la retraite, la réforme pénalise particulièrement les salariés ayant commencé à travailler jeunes, ceux ayant eu des carrières chaotiques et incomplètes, qui plus est en travaillant dans des conditions éprouvantes pour leur santé. Et il n’y a pas de raison de penser que les effets négatifs de la pénibilité au travail ne progressent pas avec des salariés de plus en plus âgés, si l’on en croit les enquêtes publiées par divers organismes.
Surtout, la réforme n’apporte pas de réponse sur le plan de l’amélioration des conditions de travail, dans un pays où le niveau de productivité des salariés est l’un des plus élevés au monde, ce qui n’est pas sans conséquences sur leur santé.
Les réformes successives du droit à la retraite n’ont jusqu’à ce jour nullement tenu compte de ce phénomène, ni de la précarisation du travail et de son impact sur la santé.

Même en modifiant quelques lignes du projet de réforme, le gouvernement n’a pas l’intention de changer ce dogme qui impose l’idée que la santé d’un grand nombre de salariés sera sacrifiée au nom des principes intouchables que sont les lois du marché et de la compétitivité.

Publié dans le dossier
La gauche face à ses responsabilités
Temps de lecture : 2 minutes
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