Une rentrée dispersée

Les mêmes mobilisations rassemblent PCF, PG, NPA et Fase, qui persistent à ne pas trouver les voix d’un rapprochement.

Denis Sieffert  et  Michel Soudais  • 2 septembre 2010 abonné·es

Pendant que La Rochelle monopolisait l’attention des grands médias, la gauche de la gauche se penchait également sur son avenir à Seignosse (PCF), à Grenoble (Parti de gauche), à Port-Leucate (NPA) et à Aubagne (Fase). Avec une même volonté de se mobiliser pour cette rentrée sociale, et singulièrement pour les manifestations des 4 et 7 septembre sur la politique sécuritaire et les retraites.

« La rentrée aura lieu à l’heure » , prévient Olivier Besancenot, qui ne souhaite plus être l’unique porte-voix du NPA et sera remplacé par deux ou quatre porte-parole à l’issue du congrès de novembre. Dans un parti en « crise existentielle », le facteur de Neuilly rechigne aussi à se présenter en 2012, au grand dam de ses camarades, pour qui il reste le meilleur faire-valoir. Il a tout de même prononcé un discours de rentrée offensif, fustigeant « la fuite en avant nauséabonde, raciste, sécuritaire et écœurante » d’un gouvernement qui a lancé « une vraie déclaration de guerre sociale ». Il a estimé que « la situation dans quelques mois ne sera pas la même si c’est Sarkozy qui fait passer sa réforme ou si c’est le mouvement ouvrier qui réussit à le stopper ». Pour lui, « la révolte populaire est le seul antidote à la crise économique ».
Même appel à la mobilisation de Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, face à la « stratégie de pousse-au-crime » de Nicolas Sarkozy, qui, en « petit frère des riches » , mène une « guerre sociale contre l’ensemble du monde du travail ». « Pour les communistes, la rentrée doit être plus que jamais sur tous les fronts », « contre la xénophobie », pour défendre les retraites, mais aussi dans les batailles pour l’école ou l’hôpital public, a déclaré le numéro un communiste. La tonalité n’était pas différente au « Remue-méninges » du PG, où Jean-Luc Mélenchon, appelant de nouveau à un référendum, a souhaité faire de la journée d’action sur les retraites « le plus grand rapport de force que ce pays n’a jamais vu ».

Mais alors que les deux formations s’apprêtent à lancer un « programme partagé » pour 2012 à la Fête de l’Humanité (10-12 septembre) avec ­Christian Picquet (Gauche unitaire), elles divergent sur l’objectif de ce « pacte d’union populaire » . « Nous ne cherchons pas à rassembler l’extrême gauche » , a souligné M. Laurent, mais à « remettre au centre de gravité de la gauche les défis dont elle n’aurait jamais dû se détourner », pour obtenir une « majorité de gauche » en 2012. Tandis que M. Mélenchon, qui ne désespère pas d’un ralliement du NPA, a appelé toute « l’autre gauche » à « se joindre à la discussion de ce programme », lançant au PS : « Il ne faudra pas compter sur nous pour marcher au fouet. Pas question d’avoir pour tout potage : “À bas Sarkozy, vive le vote utile !” »

À Aubagne, les communistes unitaires, les Alternatifs et les Collectifs unitaires, regroupés au sein de la Fédération pour une alternative sociale et écologiste, avaient pour fil conducteur : « Une révolution démocratique nécessaire et possible. » Après des discussions notamment sur le sort de Roms et la situation des quartiers populaires, le week-end s’est achevé par un débat de politique générale en présence de toutes les forces de gauche, à l’exception du représentant du PS malencontreusement empêché. La question de l’unité et celle – d’ailleurs indissociable – des perspectives politiques en relation avec les prochaines échéances sociales ont dominé le débat. Plusieurs intervenants ont rappelé les bons résultats obtenus aux régionales par des listes unitaires dans le Limousin et le Languedoc-Roussillon. Ces exemples peuvent-ils être étendus au niveau national, notamment en vue de la présidentielle ?

Clémentine Autain (Fase) a interpellé le représentant du NPA afin que son organisation sorte du cercle vicieux qui consiste à rejeter l’unité au nom de son refus de toute alliance avec le PS. La question a également été posée des contradictions entre la tentation centriste à la tête d’Europe Écologie et les engagements sociaux et sociétaux des Verts. René Revol (PG) a insisté sur l’impératif d’une rupture avec le traité de Lisbonne. L’échange avec la salle a confirmé l’exigence unitaire. La nécessité de surmonter les logiques d’appareil, mais aussi celle d’un cadre pérenne de discussion qui permette de rapprocher les analyses sur le fond ont été rappelées parfois avec insistance.

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