Dilma Roussef au charbon

La candidate de Lula, visée par des attaques anti-avortement, a bataillé beaucoup plus dur que prévu entre les deux tours de la présidentielle. Elle devrait cependant l’emporter dimanche.

Politis  • 28 octobre 2010 abonné·es

ÀMarina Silva, la démocratie brésilienne reconnaissante ? En raison de son étonnant résultat le 3 octobre au premier tour de la présidentielle brésilienne (19,3 % des voix), la candidate écologiste a forcé Dilma Roussef (PT, gauche, 46,9 %) à un second tour dimanche 31 octobre, alors que son camp la voyait déjà élue au premier tour face à José Serra (PSDB, centre-gauche, 32,6 %), portée par la formidable popularité de son mentor Lula, président sortant. Soudain plus exposée qu’avant le premier tour, Dilma Roussef aura ainsi démontré à son électorat, au cours des trois dernières semaines, sa capacité à traverser une délicate épreuve du feu politique, elle qui n’avait jamais connu de campagne électorale.

Son avance sur Serra a ainsi fondu, jusqu’à quatre points d’écart – c’est-à-dire la marge d’erreur des sondages. Sous l’effet conjoint du scandale qui a entaché le gouvernement Lula quelques jours avant le premier tour [^2] puis de la relative déception du premier tour, mais aussi de la décision de « Marina » de ne pas donner de consignes de vote à ses électeurs, qui semblent se reporter plus spontanément sur Serra que sur « Dilma ». Cependant, ce n’est pas l’électorat déçu par le peu d’appétence écologique de l’ex-ministre de l’Énergie et des Mines de Lula qui l’ont déstabilisée, mais une polémique virulente sur ses intentions de légaliser l’avortement ou le mariage homosexuel, attisée par l’épiscopat et les églises évangélistes [^3], autorités morales puissantes au Brésil, plus grand pays catholique du monde.

Dilma s’est sentie contrainte à se déjuger peu glorieusement par écrit, afin d’enrayer une chute alarmante dans les sondages. Elle semble cependant avoir retourné la tendance depuis le 20 octobre, peut-être de manière décisive, en parvenant à battre le rappel des militants PT et à mobiliser des intellectuels, des artistes ainsi que des mouvements sociaux inquiets de la tournure moraliste prise par la campagne.

[^2]: Erenice Guerra, ministre de la Maison civile (équivalent d’un Premier ministre), a démissionné, touchée par un trafic d’influence mené par un membre de sa famille.

[^3]: Dont Marina est membre, et qui ont même appelé à ne pas voter pour Dilma.

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