Complémentaires inaccessibles

L’association de consommateurs UFC-Que choisir révèle dans une étude les effets des politiques de réduction budgétaire de l’assurance-maladie : renoncement aux soins et augmentation des mutuelles.

Meriem Laribi  • 4 novembre 2010 abonné·es

Une étude de l’UFC-Que choisir sur le coût de la couverture santé pour les ménages promet que le budget 2011 de la Sécu, adopté mardi en première lecture à l’Assemblée nationale, va entraîner « un reste-à-charge insupportable pour les consommateurs » avec une hausse de 10 % des primes des complémentaires santés. L’étude a tiré trois constats de l’évolution des dépenses de santé des ménages entre 2001 et 2008. D’abord, le désengagement de l’assurance-maladie rend les complémentaires santé indispensables pour l’accès aux soins.

L’étude révèle ensuite l’absence de logique concurrentielle dans le marché des complémentaires. Avec 870 établissements habilités, la multiplicité et la complexité des modes de description (en pourcentage, au forfait, au réel), le consommateur est confronté à des contrats « illisibles et incompréhensibles », et il « ne peut pas jouer son rôle de régulateur du marché » . Le troisième constat coule de source : « Les primes de complémentaires santé ont connu l’inflation la plus spectaculaire des dépenses de santé avec une progression de 44 % par personne couverte entre 2001 et 2008. »

Dans son ensemble, l’étude montre aussi un effet d’exclusion du système de santé : « En 2008, la proportion de personnes qui ont renoncé à des soins pour des raisons budgétaires a progressé de 20 % par rapport à 2004. » Et les abandons n’iront pas en diminuant avec le nouveau projet de budget. « Quand les autorités déclarent vouloir mettre les organismes complémentaires à contribution, il ne s’agit pas de les inciter à limiter le montant des frais de gestion ou des bénéfices, mais bien de taxer le consommateur au final » , constate l’association. Ces mesures se traduisent donc par « des augmentations des primes d’assurance santé des consommateurs indépendamment des prestations offertes » . Et les plus pauvres et les plus malades seront bien entendu les plus pénalisés.

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