Décrypter les étiquettes

Claude-Marie Vadrot  • 18 novembre 2010 abonné·es

Que faire ?

Il faut, même en déplorant que manger sainement devienne un véritable métier, lire soigneusement les étiquettes des produits alimentaires. À éviter, par exemple, et pour faire un premier tri : « produit de montagne » , « saveur de l’année » , « à l’ancienne » ou « naturel » . Ces mots n’ont pas de signification légale garantie et masquent mal une production industrielle. Ainsi que « fermier » , sauf parfois pour la volaille (et encore !). Et la mention « conforme à la législation » rappelle simplement une obligation basique sans laquelle un produit alimentaire ne peut être mis en vente. Il faut souvent sortir ses lunettes, voire une loupe, pour déchiffrer des lettres de couleur imprimées sur une autre couleur. Plus l’étiquette est décourageante à la lecture, plus il faut s’en méfier. Et si vous ne la trouvez pas sur le côté de la boîte ou du bocal, regardez donc en dessous : c’est là que l’industriel honteux la cache. Sans oublier que, dès qu’un produit subit une transformation quelconque, même légère, les mentions d’origine ne sont plus obligatoires. Ainsi, « élaboré en France » ou « élaboré en Savoie » signifient simplement qu’un industriel a ajouté en ces lieux un peu de sel, de poivre ou d’huile pour « naturaliser » le produit, dont l’essentiel peut provenir de loin. C’est le cas des viandes Charal préparées, par exemple.

Pourquoi ?

Parce qu’il faut s’interroger sur l’honnêteté d’un fabricant qui indique que son taboulé aux crevettes contient 8 % de crevettes ou que son cassoulet offre 16 % de viande. L’examen des étiquettes montre que les grandes disparités de contenu ne se reflètent pas systématiquement dans le prix. Même remarque pour des produits, notamment les yaourts et autres desserts, annonçant les arômes qu’ils contiennent. L’indication « goût cerise » signifie que le dessert n’a jamais rencontré une cerise ; « arôme naturel » affublé d’un joli dessin de fraise, mais sans le mot, indique que le yaourt a été parfumé… au copeau de bois (quoi de plus naturel ?) ou avec d’autres fruits moins chers. Seule la mention « arôme naturel de cerise » n’est pas destinée à tromper l’acheteur. Reste évidemment ensuite à lire l’étiquette pour découvrir que la cerise (ou tout autre fruit) représente entre 6 et 13 % du produit.

Parce qu’il faut encourager les producteurs qui n’abusent pas des colorants, émulsifiants ou renforçateurs de goût en achetant leurs produits. Parce que l’addition et la synergie dans nos organismes des produits répertoriés peuvent nuire à la santé : insomnies pour l’E 952 et l’E 210, allergies, cancers, maladies de foie ou des reins pour de nombreux autres ; l’E 952, par exemple, est interdit aux États-Unis.

Comment ?

• Se procurer l’impressionnante liste des additifs alimentaires et garder les plus nocifs en mémoire :  www.danger-sante.org (le plus sérieux),  www.masantenaturelle.com 

•  Lire le Nouveau Consommateur , Que Choisir ? et 60 Millions de consommateurs .

Le geste utile
Temps de lecture : 3 minutes