Lu, vu, entendu

Politis  • 25 novembre 2010
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LU

Il a fallu attendre trois jours pour apprendre lundi de Mediapart et de l’Express le grossier dérapage de Nicolas Sarkozy à Lisbonne. Outré qu’un ou des journalistes (on ne sait) ose(nt) lui poser une question sur Karachi et lui rappeler que son nom figurerait dans des documents montrant qu’il aurait donné son aval à la création d’une société-écran luxembourgeoise par laquelle transitaient les commissions, le chef de l’État s’est lancé dans une longue diatribe où, avec les mêmes méthodes – « intime conviction » et « documents pas vus » –, il imaginait pouvoir prétendre que l’insolent journaliste est pédophile. Le même qui, le 16 novembre à la télé, se disait « plus calme » , « plus modeste » , « assagi » est de nouveau « survolté » , « hors contrôle » . Il salue la trentaine de journalistes présents d’un tonitruant « Amis pédophiles, à demain ! » . Aucun n’en dira rien, à la demande de l’entourage du Président, pour qui « c’était off ». Les journalistes qui avaient enregistré ces éructations auraient même écrasé leur bande. À ce niveau de servilité, faudrait peut-être songer à changer de métier.

VU

L’interview télévisée de Nicolas Sarkozy le 16 novembre, retransmise simultanément sur TF 1, France 2 et Canal +, n’a pas dérogé à la loi du genre. L’exercice était aussi convenu que faux. Rappelons qu’il n’existe pas beaucoup de démocraties, hormis la nôtre, où le Président peut décider du jour et de l’heure de son émission, convoquer les journalistes et décider des sujets à aborder. Résultat, même la réalisation était au service du message présidentiel : montrer un président au-dessus de la mêlée, s’occupant des sujets importants tandis que les journalistes s’agitent un peu plus bas. Durant l’émission, on a souvent vu à l’écran le Président surplomber les images des trois interviewers incrustées sous lui.

ENTENDU

Valéry Giscard d’Estaing bouge encore. La preuve, il était mardi sur RMC. Il y a expliqué doctement qu’en 2012 le centre « peut avoir un candidat s’il existe, c’est-à-dire s’il a une représentativité et s’il a un programme » , mais en aucun cas « pour mettre la pagaille » . Or pour l’instant, selon lui, ce fameux centre « n’existe pas » . Et que ce soit François Bayrou, Jean-Louis Borloo ou Hervé Morin, aucun candidat ne se détache « pour l’instant » . À l’entendre, il n’a d’ailleurs existé que sous son règne (1974-1981) avec l’UDF, « rassemblement de familles politiques dispersées […] réunies sur un programme » après un travail d’un an. En somme, quel que soit le sujet, après lui c’est toujours le chaos. Et ça fera bientôt trente ans que ça dure.

Les échos
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