Cancún sauve les apparences, pas le climat

Un accord a minima a été négocié alors que les émissions mondiales de CO2 augmentent de 3 % par an. La lutte contre la déforestation risque d’être abandonnée à la main invisible du marché. Face à la défaillance des États, les collectivités locales se mobilisent pour sauver le climat.

Patrick Piro  • 16 décembre 2010
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Cancún sauve les apparences, pas le climat

La forme a parfois plus de valeur que le fond. À Cancún, le sommet sur le climat de l’ONU s’est contenté d’un accord à faible contenu, car l’essentiel était surtout qu’il existe. Fin 2009, l’échec de Copenhague accusait la méthode consensuelle de l’ONU : le problème du climat, complexe, générateur de fortes tensions entre les pays et de contradictions d’intérêts (écologie, social, économie…), est-il soluble dans cette lourde machinerie ? Nous voulons encore y croire, un nouvel échec aurait été trop « coûteux », ont répondu en substance les quelque 190 pays.

Les réaménagements de la géopolitique climatique se confirment. Les États-Unis, premier des gros pollueurs par habitant, sont sur la touche pour des années, en raison de l’hostilité du nouveau Congrès à toute mesure contraignante ; l’Union européenne, distendue par des oppositions internes, ne s’impose plus comme force de proposition. Le Japon, rejoint par le Canada et la Russie, s’est catégoriquement opposé à de nouvelles réductions d’émissions de gaz à effet de serre dans le cadre du protocole de Kyoto, qui contraint les pays industrialisés. À Cancún, le positif est venu des grands pays émergents. La Chine et l’Inde, notamment, lâchent du lest et envisagent pour la première fois une vérification de leurs actions climatiques, et à terme des objectifs contraignants de réduction.

Sur le fond, les avancées sont bien limitées. Pour l’essentiel : les États reconnaissent collectivement (une première) qu’il faut limiter la hausse globale des températures à 2 °C. Cependant, leurs engagements de réduction des émissions restent très insuffisants, et l’avenir du protocole de Kyoto est plus qu’incertain ; un Fonds climat vert est créé pour aider les pays du Sud à s’adapter aux impacts climatiques, doté de 100 milliards de dollars par an de 2012 à 2020, mais on ignore d’où ils viendront ; et un accord de principe a été trouvé sur la déforestation.

Si Cancún a sauvé l’agora, reste à s’occuper vraiment du climat. La tâche écrase déjà le rendez-vous de Durban (Afrique du Sud), dans un an.

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